Pic du Cap Roux , Massif de l'Estérel,                                                                               Une sommité de l'Alpinisme au sommet : Paul HELBRONNER


QUI VOULAIT établir des cartes depuis le Pic du CAP ROUX ?    Un Alpiniste Topographe !                                                                       


        PAUL HELBRONNER (1871-1938) 

 

 Nous sommes au matin du 30/10/1923, c’est un Polytechnicien, devenu alpiniste, photographe, produisant croquis et aquarelles (1). Il croise E.A MARTEL en redescendant du sommet du Pic Cap Roux. Cette forte personnalité, aux relations célèbres (2) est à la recherche de sommets élevés en bord de mer pour pouvoir procéder à ses travaux de triangulation entre les Alpes et la Corse. 

Il fait partie d’un groupe passionné par l’étude de la Géodésie. Des scientifiques qui vont en 1903, se rassembler sous l’appellation de Commission de Topographie dans la toute jeune association, le Club Alpin Français. (1875).

 

<==== Un Hommage du Pape PIE XI à Paul Helbronner dans le FIGARO du 23 Aout 1937 ( Archives site Helbronner)

Voici ce qui sera baptisé l'Age d'Or de l’alpinisme, une période où se succèdent, la conquête de nouveaux sommets, par des amateurs, avec guides (bientôt sans guides). Les pratiquants doivent constater que les cartes décrivant les montagnes et leurs détails (cols, vallées, pics, glaciers, sentiers et autres accès) sont inexistantes. Pour d’autres raisons, celles-ci militaires, l’armée a aussi besoin de ces documents. Elle va donc aider au maximum une génération de scientifiques, que l’on va vite désigner sous le nom de « Topographes Alpinistes ».

             La cartographie topographique fondée sur la mesure systématique des trois dimensions du terrain est alors considérée comme une science.  Pour répondre à la demande, compléter les relevés existants ou en cours de réalisation, Paul HELBRONNER suggère dès 1902, au Président Henri VALLOT un projet. 

 

Il s'agit d’inscrire dans le programme général des études du CAF, « …  Un ensemble de travaux tendant à l’établissement d’une carte à grande échelle de la description géométrique détaillée des Alpes françaises… ».

 Dès l'accord donné, notre "Arpenteur des cimes" comme il sera pareillement surnommé, va commençer, en 1904, à réaliser des triangulations locales pour appuyer les levées des autres membres.  Insuffisant ! Il conçoit alors en 1906, le projet d’une triangulation cohérente du massif des Écrins et par d'autres mesures de l'assembler aux triangulations du massif du Mont Blanc que viennent de finaliser les cousins VALLOT (3). Une réussite alors pourquoi ne pas continuer ?

 

           Les travaux sont en conséquence étendus, après 1920 à l’ensemble des Alpes et ils ne seront achevés qu'en 1928. Pour réaliser toutes ses mesures,  il va devoir ascensionner de nombreux sommets, procéder aux relevés, calculs, croquis. A l'aide de cette masse d informations, il faut maintenant au retour, passer des journées à reporter les chiffres, dessiner, dresser des cartes complètes en les accompagnant de la description des lieux, de commentaires, tout en cataloguant une énorme bibliothèque de photos (4)

          Pour les mesures à effectuer pour raccorder correctement la Corse à la chaine des Alpes, il s'attaque en 1923, à de nombreux repérages de sommets remarquables sur le littoral entre Toulon et Nice. 

 

      Du fait d’un accès médiocre à compliqué, de l’absence de logement, il ne peut selectionner le Pic du Cap Roux – même si on y voit très nettement la Corse qui n’est qu’à 190 km.

 

    Pour coordonner ses visées, depuis le continent, Il retiendra 4 stations. Sur la côte varoise, Il va choisir le fort du Coudon (702 m) et la cime de la Sauvette (776 m). De sa sélection dans les Alpes Maritimes, il distingue le fort du Mont Chauve d’Aspremont (870 m) et le fort du Mont Agel (1151 m). Pour la Corse, grâce à l’aide de l’armée qui a préparé plateformes, mires géodésiques et campements, il va pratiquer au mois d’aout 1925 de nouveaux assemblages de calculs.  

     25 ans s'achèvent, pendant lesquels, il a dirigé 22 campagnes de mesures qui sont aussi d'incontestables exploits d'alpinistes. Il fallait trouver, équiper, grimper des voies pour des ascensions, parfois nouvelles. De plus, les conditions sont compliquées avec l'ajout du transport et la préparation des emplacements pour la mise en œuvre des outils du topographe (et les protéger). Cela nécessite des heures pour travailler, calculer, noter, une durée où il faut subir la contrainte de l’altitude et des conditions météorologiques qui forcent parfois revenir. 

    Sur l'ile de beauté, il a dû rester 9 jours au Monte Stello (1307m), 14 jours au Monte Rotondo (2622m) et 13 jours au Monte Cinto (2706m) où il subit une forte tempête…  

 

   Le résultat de cet engagement incroyable sera la rédaction à partir de 1910 de sa Description géométrique détaillée des Alpes françaises. Un monument ! en 12 tomes (5) et avec l'ajout de 2 annexes contenant des panoramas (6) des Alpes depuis les sommets qu'il "arpentait" .

                                  

                     Alors  le Pic du Cap Roux , simple promenade ?

 

    L'idée de ce texte provient d'un extrait d'un des livrets rédigés par Alfred Edouard MARTEL (1859-1938).

Il y relate la rencontre et les raisons de sa présence au sommet du Pic du Cap Roux d’un Topographe Alpiniste. Il est à la recherche de sommets pour cartographier la Corse : (30/10/1923 TOME VIII page 258)

 

 

 

        En 1925, Helbronner procède à la jonction géodésique directe de la Corse à la chaine méridienne des Alpes 

 

      Ses mesures correspondent, à quelques centimètres près, à celles acceptées aujourd'hui.

     L'abri Helbronner du Monte Rotondo est une trace matérielle toujours visible de cette aventure.

  


N.B.

(1)  Des dessins, des photos dans le cadre de ses travaux, mais aussi pour le plaisir– on lui doit une série de « 150 premiers profils de confrères ». De ses photos, il va réaliser de superbes aquarelles, toujours éditées (Mont Blanc, Ecrins). Il sera nommé Président d’honneur de la Société Française de Photographie (1929 – 1931)

 

(2)   Il entretient des correspondances nombreuses comme celles avec deux alpinistes enthousiastes, le Pape Pie XI (Achille RATTI 1857 -1839 qui, jeune a ouvert une voie pour accéder au mont Blanc), ou le Roi Albert Ier roi des Belges. (1875 – 1934 qui inaugure en août 1930 le refuge qui portera son nom).           Dans les petite histoire de la Grande Histoire, il validera le choix son amie, la baronne Noémie de Rothschild (1888 – 1938) de faire construire un hôtel dans ce site qui va devenir la première station de sports d’hiver françaises : Megève .

 

(3)   Henri VALLOT (1853 -1922) On doit à cet Ingénieur, qualifié « d’arpenteur du Massif du Mont Blanc… » une cartographie détaillée qu’il réalise avec son cousin Joseph (1854-1925). Bien d’autres activités, de la création (1890) d’un observatoire à 4360m, à ses travaux pour les refuges, sentiers et leurs signalisation ; Un projet de chemin de fer des Houches, la Présidence du CAF et bien d’autres références.  1892 c’est la rencontre avec Paul HELBRONNER qu’ils vont former aux techniques nécessaires en montagne pour les relevés …et la photographie.

(4)  Le dernier tome sera publié à titre posthume en 1939.

(5)  Il a légué cette masse impressionnante de travaux, documents, calculs, photos et même son équipement de « camping et de mesures » à l’Institut de France (crée en 1795). Une grande partie se trouve en dépôt au musée Dauphinois (Grenoble) et le reste est visible au Musée Alpin de Chamonix.

 BIBLIOGRAPHIE : Très nombreuses, on se doit de citer à minima

ð  Tous les documents contenus dans : http://www.helbronner.org

Liens avec les articles 

 

*** H.B. de SAUSSURE : Le scientifique, l’inventeur du Mont Blanc en randonnée dans l’Estérel

 

*** E.A. MARTEL : Père de la Spéléologie, connu mondialement, un passionné de l’Estérel.

 

 

*** VOIR LA CORSE : Pourquoi et comment on peut la voir depuis l’Estérel