Aprés les mondes souterrains, un passionné du Massif de l'Estérel, des morceaux de l'Histoire d'un résident du TRAYAS toujours mondialement connu !
Edouard Alfred MARTEL (1859 – 1938)
C’est déjà un explorateur (1) qui dès l’âge de 18 ans, va à la découverte de ce qu’il célèbrera avec passion « … Il n’est nul recoin de France, ni peut-être du monde entier, qui possède une perfection pittoresque plus complète que les admirables sites du sauvage et poétique Esterel » ou comme il vante dans un des tomes de son ouvrage majeur, la « bible » des spéléologues : la France Ignorée (2)
« ….s’allongent de minces langues de pierres, projetées par l’éruption sous-marine des ardents porphyres de l’Estérel, la plus belle roche peut-être qu’ait colorée la nature… ». Et POURTANT !
Alors qu’il est mondialement connu pour être le père de la Spéléologie moderne, (Du gouffre de Padirac à la Mammoth Cave aux Etats Unis en passant par sa descente des gorges du Verdon), on ignore bien souvent qu’entre deux explorations souterraines, c’est un fervent admirateur mais aussi défenseur (déjà)- de l'Estérel (3). Lors de ses nombreux séjours il en arpente sommets et vallons, visite avec son kayak les grottes marines (4), noue des amitiés (5).
Dès son premier séjour (6) il commence à effectuer des relevés topographiques. Précurseur, il est certainement un des premiers qui va faire la promotion du Massif pour qu’il devienne un site d’excursions pédestres « dans le respect absolu de la nature ». Avec l’appui de l’ingénieur A. MUTERESE (7) la collaboration de P. Boissaye, il va en réaliser de nombreuses cartes dont une au 1/100.000 /courbes à 25m (Durant 6 séjours de 3 mois sur place et 2 mois de bureau). Parmi ses plus de 1000 publications, elle est diffusée par cette toute nouvelle association dont il est un des membres : le Club Alpin Français. Cette carte est présente dans son livre qui est sans doute le premier (1897) guide de randonnées : « Le Trayas (Var), l’Esterel, Agay, le Cap Roux, etc. guide du promeneur dans les massifs côtiers de l’Esterel, entre Cannes et Saint-Raphaël ».
Cet ouvrage est aussi édité (1903) par le TCF (Touring Club de France fondé le 26/01/1890), dont il est un des Administrateurs. C’est un beau succès qui en justifiera des rééditions (1911).
Il en sera de même pour ses nombreuses photos (8), reprises en cartes postales, croquis (9) et en affiches par le PLM. De même ses cartes révisées seront publiées dès 1907 dans la Côte d’Azur illustrée, une des références de la célèbre série de « guides de voyages illustrés JOANNE ».
Apanage de l’aristocratie, de la riche Haute Société, après le cyclotourisme, une invention récente (1886/1889) va décupler les possibilités de voyages, de promenades, de tourisme. Nous sommes en plein essor de l’automobile et le TCF se fait le promoteur de ce nouveau moyen de locomotion. Dans une de ses cartes publiées par cette association, E.A. MARTEL indique « ... Qu’en 1898, en voiture ou à bicyclette ... » il est « ... Absolument aisé de se rendre d’Agay au Trayas ou à Cannes par les cols de l’Evêque ou des Trois Termes … », car « … le sentier côtier…est un mauvais chemin de chars ».
Voici un bel argument pour le premier Président du TCF, Abel Bailliff (1845 -1934) pour obtenir le droit pour la construction d’une « …vraie route le long du bord de mer… » : Il lance en 1900, les démarches et souscriptions pour la financer. Autres arguments : Non seulement elle permettra de jouir de panoramas uniques et exceptionnels, mais de plus elle désenclavera toutes ces nouvelles stations touristiques. Elle reliera les deux départements et rapprochera Cannes et Nice. Commencée en 1901, elle sera inaugurée en 1903. Baptisée Corniche d’Or, elle sinue sous les pyramides du Cap Roux, offrant des arrêts pour un des décors les plus photographiés, mais aussi des plus filmés, télévisés de la Côte d’Azur.
Conséquences de ces nouveaux moyens de déplacements, ce sont les accidents, parfois graves. Le TCF, va prendre l’initiative de créer en France tout un réseau de postes de secours. En raison de ses qualités naturelles et visuelles, l’Estérel est maintenant trés fréquenté par cette nouvelle catégorie sociale : les Touristes ! Sur proposition de E.A. MARTEL, ce sont les Maisons Forestières (10) et leurs agents qui sont retenus pour répondre aux besoins d’assistances.
On lui doit aussi l'installation d'une table d’orientation au sommet du Cap Roux. C’est chose faite avant la première guerre mondiale mais elle est incomplète. Elle sera en conséquence remplacée avant la deuxième guerre mondiale avec l’ajout du profil du Massif du Mercantour qu’il avait réalisé.
Cette opération entrait parfaitement dans "la politique d'encouragement du Tourisme" du TCF qui a été d'en faire réaliser et installer un maximum sur des points de vues remarquables de la France.
Le Mercantour dessiné depuis le sommet du Pic du CAP ROUX par E A MARTEL
Nous pouvons toujours en profiter et les chanceux matinaux pourraient aussi, à l’aide du profil de la Corse (qu’il a également dessiné depuis le "signal" du Cap Roux), identifier les sommets de l’Ile de Beauté. C’est à l’occasion de la réalisation de ses croquis qu’il va croiser une autre personnalité d’exception, surnommé l’Arpenteur des Cimes : Paul HELBRONNER. (11)
N.B.
(1) Dès son plus jeune âge il est un fervent lecteur des aventures qu’imagine un écrivain célèbre : Jules VERNE (1828 -1905). (Influence ???)
(2) Chapitre V page 93 à 96 du tome de : La France Ignorée : Sud Est de la France – Editeur DELAGRAVE (1928).
(3) Pour sa retraite, il fera construire en 1893 sa villa sur la pointe Maubois, proche des pointes : Cap Roux, de l’Observatoire. Un projet qu’il concrétisera en 1917, lui permettant des séjours réguliers jusqu’en 1936. Le bâtiment sera victime des vicissitudes de la 2éme guerre mondiale. Occupé par les troupes allemandes, il sera détruit le 15 aout 1944, lors du débarquement sur Antheor, son viaduc (3A). Elle est prise comme cible par le destroyer USS McLANAHAN qui signale dans son livre de bord : « ... Avoir ouvert le feu sur 4 camions allemands stationnés sur la route entre le Cap Roux et la pointe Maubois et cessé le tir à 10h53 en notant cible atteinte, il rouvre le feu à 10h55 sur un canon camouflé situé sur la pointe Maubois et à 12h26, toujours sur la même cible, sur un abri camouflé directement en dessous… ».
(3A) Très complet dont le débarquement : Mémoires du Viaduc d’Antheor (1859 – 2019) – Alain DUBREUIL – 2019 – Association Anthéor Hier et Aujourd’hui.
(4) A lire l’extrait DANS L’ESTEREL SUR LES TRACES DE MARTEL Paul COURBON et Jean-Pierre LUCOT du site de grandes qualités CHRONIQUES SOUTERRAINES de Paul COURBON – Lire aussi ses pages concernant la Sainte Baume (de l’Estérel) ou Grotte Saint Honorat.
(5) E. A. MARTEL écrira qu’il sympathise, bavarde avec un autre marcheur, « …au bord du chemin côtier des douanes Alphonse KARR (1808 -1890) qui péchait solitairement à la ligne au seuil de sa « maison close » … » D’autres rencontres avec d’autres célébrités, d’autres scientifiques Saint Raphael étant maintenant à la mode.
(6) Les Incendies : Il relate en particulier à plusieurs reprises sa tristesse et les conséquences de ce fléau « …. Pauvre Estérel hélas, sa destinée est l’incendie, réitéré, inévitable … » et cela dès « la première fois que je connus l’Esterel (25/12/1877) Page 94 – La France Ignorée.
(7) Qui était en charge de la mise en exploitation des forêts (voir sur le site ESTEREL POUR TOUS, l’article Les Maisons Forestières).
(8) Il comprend trés vite l’intérêt d’une autre invention prometteuse (18/08/1839), celle de Nicéphore NIEPCE. : La photographie ! Pour remplacer la lumière lors de ses explorations souterraines, il vulgarise l’usage du magnésium. Il s’appuie sur plus 15.000 clichés pour ses publications mais aussi pour ses conférences. En 1903, Il publie dans la Bibliothèque Photographique (créé en 1877, par le Professeur Adolphe GIRAUDON (1849-1929 Agrégé d’histoire et de géographie,) un livre détaillant : « La Photographie Souterraine » Editions Gauthier- Villars.
(9) Au passage, il faut citer un de ses compagnons d’exploration dans les Causses, qui réalise aussi des croquis. (Dont ceux en 1888, dans la Grotte de Bramabiau.) Il s’agit d’une autre personnalité qui fréquente Saint Raphaël. C’est le sculpteur Théodore RIVIERE (1857 -1912). On lui doit : « …la conception d’un bronze représentant une nymphe allongée … » pour orner la Fontaine de Valescure qui sera inaugurée en 1905 (Page 80 de l’album : Saint Raphaël * Personnalités et Célébrités). Une avenue porte son nom ce qui n’est pas le cas de E A MARTEL.
(10) Voir sur le site :
Les Maisons Forestières, un usage méconnu, les postes de secours.
Avec son annexe : Le Touring Club de France, ses actions, son Président Abel BAILLIF. L’initiateur de la Corniche d’Or, résidant puis mort et enterré à Théoule sur Mer. Une rue porte son nom, comme à Saint Raphaël qui en plus lui a aussi attribué à une plage.
(11) Voir sur le site : Paul HELBRONNER ses triangulations de la Corse.
BIBLIOGRAPHIE : Très nombreuses, il suffit déjà de se reporter à la masse de documents rédigés par cet explorateur ….
Déjà pour notre région , Mais on se doit de citer à minima Le volume consacré à la region SUD EST dans la série de volume la FRANCE IGNOREE
ð Le site ultra complet : https://pointe-maubois.com
UN BONUS le lien avec le site de Paul COURBON où vous pourrez decouvrir autrement
**** La grotte de la Sainte Baume et de l'Hospital
**** L'exploration en kayak des GROTTES MARINES de l'Esterel d'aprés les découvertes de A.E.MARTEL
http://www.chroniques-souterraines.fr/
Liens avec les articles
*** H.B. de SAUSSURE : Le scientifique, l’inventeur du Mont Blanc en randonnée dans l’Estérel
*** P. HELBRONNER : Un Alpiniste Topographe, Arpenteur des cimes des Alpes et de la Corse
*** VOIR LA CORSE : Pourquoi et comment on peut la voir depuis l’Estérel