LES MERVEILLES et AUTRES TRESORS GEOLOGIQUES de l'ESTEREL

Depuis 300 Millions d'années Conséquence des épisodes de volcanisme, des refroidissements ponctuels, de la conjonction entre l’eau et les coulées de laves, tous ces mécanismes nous ont légués de pures merveilles.


 

LES LITHOPHYSES :

 

Voici un des plus beaux trésor : Ce sont des pierres au cœur multicolore,

(Du grec : lithos, pierre et phusa, bulle). En se refroidissant, les coulées de lave emprisonnent des bulles de gaz. Au fil du temps, ces vides se remplissent d’eau. La silice se durcit formant une coquille qui va donner la forme en boule. A l’abri, le gel de silice a le temps de se cristalliser en couches de calcédoine.

 

Par percolation, ce sont des oxydes qui les colorientEn général il reste un peu de place sur le haut de la formation et ce sont des cristaux de quartz blanc qui vont le remplir. Les gisements sont multiples dans le Massif (Malpasset, la Louve, les hauts du Trayas) 

    Les Anciens, ne pouvant expliquer la présence de ces pierres arrondies, dont l'intérieur révèle de multiples couleurs, vont les diaboliser. Ils vont les attribuer au Bouc ! Car ce ne peut qu'être l'œuvre du Diable.

 

  Une belle randonnée ! Allez découvrir la piste des Œufs de Bouc !     


 

LA FLUORINE :

 

Elle sera largement exploitée dans le Massif depuis 1906. C'est dans les années 1980 que seront fermées les dernières mines. (Fontsante près des Adrets de l'Estérel.

Ce sont dans des fractures où circule de l’eau chaude (150 à 300°C) qui se produit la métamorphose !  Celle-ci est chargée de fluor, de silice qui se déposent en larges filons verticaux.

 

 

 

 

 

Suivant les oxydes, les matériaux se colorent en bleu, vert, jaune miel, noir, violet (d’où le nom donné à un collet, la Baisse Violette). Les bords restant blanc de cristaux de silice             

 

 

 

Extrait des mémoires d'un Mineur  Mines de Maure Vieil

(Cette exploitation employait plus de 60 personnes, et l’extraction du minerai (spath-fluor) était de l’ordre de 100 tonnes par jour)

"... Ce filon, découvert en 1956 et exploité dès 1958, totalisait environ 1 500 mètres de galeries réparties sur 4 niveaux. L’accès aux différents niveaux était assuré par un ascenseur (une ” cage ” en langage de mineur) pouvant recevoir soit 6 personnes, soit un wagonnet de 600 L de minerai. C’était impressionnant de se lever à l’aurore, d’admirer le soleil, le jour, le ciel, la nature qui se réveille, puis de se retrouver dans cette cage qui descendait à toute allure à -80 mètres, dans les entrailles de la terre. La vie et la clarté étaient en quelques instants remplacées par l’oppression, la peur et l’obscurité presque totale. Dans cette étrange et angoissante ambiance il fallait sans relâche creuser, casser, charger, pousser les wagonnets ..... " CLAUDE REKIKA "


 

LES RETINITES : 

 

La nature très visqueuse de la rhyolite limite sa cristallisation. Si elle ne se cristallise pas du tout on obtient une matière noire, vitreuse, très coupante.

On dirait vraiment des débris de verre et ils sont si nombreux qu’ils ont donné les noms de lieux:

On peut les trouver sur petite éminence à Fréjus, près de la spectaculaire double arche de l'aqueduc (dite Sénéquier), c'est la Bouteillère. Aux Adrets de l'Estérel, c'est tout un ensemble (vallon, ubac, quartier) qui sont appelés de la Verrerie.

 

Cette Rétinite souvent vitreuse, pourrait être de l’Obsidienne, en effet elle présente le même aspect et la même composition chimique. Ce sont toutes les deux des Rhyolites ! La différence entre ces deux magmas c'est simplement que lors du processus de refroidissement la Rétinite n'a pas été hydratée. 


Parmi LES MERVEILLES de l'ESTEREL , IL Y A des FORMES RARES 

qui vont se constituer à la suite des épisodes volcaniques

LES FORETS PETRIFIES

 Vers 250 MA, reprise du volcanisme, de violentes explosions secouent l’Estérel. Elles sont provoquées par l’apparition de strato-volcans qui se déchainent. Dans le premier cercle autour du point de construction d’un futur dôme, les laves, les cendres ardentes, les roches éjectées détruisent, brûlent tout.  Plus loin, dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres, les forêts sont soufflées. La masse d’air est dévastatrice, les arbres sont coupés à la base et tombent. Le calme, revient, les sédiments recouvrent les troncs, privant la matière d’oxygène. Un lent processus se met en place dans cet environnement hyper riche de la silice contenue dans les coulées de Rhyolite. En circulant l’eau, chargé de minéraux remplace le bois par de la pierre. Il est fossilisé ou plutôt pétrifié (en grec petro se traduit par pierre).

 Les oxydes de fers qui ont donné la couleur rouge amarante du Massif, vont lentement teinter les troncs, accentuant parfois des détails, laissant souvent le cœur se cristalliser en quartz blanc.  La structure originale étant conservée, bien des informations comme le nom de l’arbre serviront de repères aux spécialistes. Les traces de brûlures, l’alignement des troncs désignera la direction du volcan responsable. (Ici à priori le Mont Vinaigre). Mais cette minéralisation va saturer la matière et contrairement à ce qui se produit lorsque que la pétrification se fait dans l’eau, elle va rendre difficile a impossible la lecture des cernes de croissance. ( âge de l’arbre, climat et aléas)

 

 

 


 

 LES TAFFONIS : 

Les formes de ceux-ci c’est l’érosion qui va créer en bord de mer, des spectaculaires rochers pleins de trous et d’arrondis.

Les colonnes en prismes de l’Estérellite ont été mis à jour par l'érosion et et les alignements quasi horizontaux sont désormais bien apparents.

Interviennent les embruns chargés de sel, les sables projetés par le vent qui sont constants depuis des millions d’années.

Les actions chimiques qui se mettent en place, se cumulent avec la violence des éléments et seront les sculpteurs de ces formes étonnantes.   

Un site d'exception : la Pointe de la Pierre Blave.

 


LES PRISMES : 

240 MA :  Cinquième acte : Notre volcanisme local s’achève doucement avec d’autres « fabrications ». Les fonds des chambres volcaniques se vident. Cette phase intermédiaire met en place des Trachytes. Ici, c'est une rhyolite où la proportion de feldspath (très alcalin) est très importante alors que le quartz est presque absent. De plus, le refroidissement sera lent et régulier. Cela va provoquer une rétractation de la matière sous formes de superbes prismes. 

 

 

Le prisme est la forme la plus économique de construction, il suffit d'observer les ruches des abeilles. Nous vous invitons à quelques pas sur ces formes qui ressemblent à un pavage. Plus loin des alignements trés réguliers, comme des orgues (Batterie des Lions, Lion de Terre, Maure Vieil, Mont Vinaigre).

 

 

 


Parmi LES MERVEILLES de l'ESTEREL , IL Y A cette ROCHE UNIQUE "qui a pavé le monde"

(extrait du livre "Mémoire de Carriers ")

Elle va se mettre en place il y a environ 50 MA

 

LE CAS A PART : l’ESTERELLITE : 

Voici une roche unique au monde, un porphyre gris bleu dont les détails se voient à l'œil nu. 

En 1896, un scientifique, Auguste Michel- Lévy  ne pouvant classer cette roche va lui donner le nom du Massif, lieu de sa découverte. Ce sera la Pierre (Du grec Lithos)  de l'Estérel : l'Estérellite.

L'âge de cette roche est estimé entre 55 et 50 Ma. Sans le travail de l’érosion, cette dernière manifestation volcanique n’aurait pas été mise à jour. Elle s'est mise en  place suite à des phénomènes tectoniques liés à l’ouverture de la Méditerranée suivis d'une collision entre deux plaques continentales (l'Eurasie et l'Adri - un morceau de la plaque Afrique). Tous ces mécanismes provoquent la surrection de la chaîne alpine qui bouscule l'existant, entrainant des bascules, des déplacements, des failles.

Un magma profite de ces dernières, mais en raison d’une insuffisance de pression, comme il est trés "lourd", déjà relativement refroidi, il ne peut atteindre la surface. Il se met en place sous forme d'énormes bulles et se cristallise au sein de roches sédimentaires qui se sont entassées depuis 200 Millions d'années. (Dramont, Caous,  Pointe de la Pierre Blave). 

Les qualités de cette roche sont déjà reconnues par les Romains qui vont ouvrir une carrière à Boulouris (CREPS), l'utiliser largement à Fréjus et même l'exporter jusqu'à Rome.                                           

    Vers 1860 l'exploitation qui était artisanale va rapidement se transformer en une véritable industrie au Dramont et se poursuit toujours aux Caous. ( Extrait du livre Mémoires des Carriers) 

                          Pour mieux découvrir cette épopée, visitez le chemin des Carriers au Dramont. 

(*) Cette roche étant unique , elle a été nommée par celui qui va l'étudier en 1896 , Auguste-Michel LEVY ( Géologue et minnéralogiste (Wikepedia)