GLACIERE et FOSSE à NEIGE/GLACE                                                 aux Adrets de l'Esterel

   Comment fabriquer puis stocker de la Glace Naturelle. Une Glacière et une Fosse à Neige-Glace. Des témoins uniques et exceptionnels dans le Massif de l'Esterel


 Comment ne pas s'intéresser à ces vestiges méconnus que constituent ce bâtiment de stockage pour de la glace et cette fosse pour la fabriquer proches des Adrets de l’Esterel.

 

        Si en l'état, la recherche de documents précis n'a pas encore abouti, il est absolument nécessaire de valoriser la présence de ces témoins d’une activité unique dans le Massif.

 

          A vrai dire, nous ne pourrions qu'être étonné par l’existence d’une glacière, car le problème est celui de l'alimentation/fabrication de la glace puis sa conservation.

 

L’Estérel ne culmine pas haut et se trouve juste au bord de la mer ce qui tempère les températures en hiver. Bien sûr, on a eu un mini âge glaciaire du Moyen-Age jusqu'à la moitié de 19ème siècle, mais était-ce suffisant ? Où pouvait-on aménager des bassins de faible profondeur permettant à la glace de se former ? 

 

       Nous avons eu la chance de pouvoir organiser sur les lieux la visite d’un couple de spécialistes (+ ONF + Adjoint Mairie Adrets + Directeur services techniques) et de bénéficier de la présence d’une propriétaire de terrains.

 

           Le massif de la Sainte-Baume où Philippe HAMEAU et son épouse Ada ACOVITSIOTI-HAMMEAU, ont étudié les glacières, culmine à plus de 500 m plus haut que l'Estérel et se trouve plus éloigné de la mer. A Aix-en-Provence par exemple, qui est plus continentale que Marseille, il est fréquent en hiver qu'on ait 4 ou 5° de moins et qu'en été les canicules soient plus accentuées.           

 

·             C'est sans aucunes hésitations qu’ils ont authentifié comme une « glacière » la construction et se sont proposés à aider « techniquement » à la reconstruction du toit dans les règles (charpente et tuiles).

 

·           Cette certification s’appuie par le choix de l’emplacement. Même actuellement ce n'est pas rare que Les Adrets, le Mont Vinaigre se couvrent souvent encore de neige. Desservi par un chemin ancien, nous sommes dans une pente Nord, le vallon concerné est un des points les plus froids du Massif et était déjà baptisé sur les cartes de Font Freye (1) (Cadastre napoléonien, 1826 puis au final par l’IGN).

 

·          On distingue nettement au bord de la fenêtre du « puits » une surface empierrée pour préparer les blocs de glace et les « creux » sur lesquels devaient s’appuyer les bois de la charpente soutenant un toit en tuiles. Problème, le torrent dessous n’a que « des flaques » certes qui gèlent mais c’est insuffisant.

 

·         D’où notre visite suivante dans un endroit également très froid qui se trouve en contrebas de l’Auberge des Adrets. Il s’y trouve une structure qui était considérée par certains comme un four à chaux ou un réservoir.  Pour diverses raisons, les deux propositions d’usages sont erronées. Nos spécialistes ont là aussi immédiatement qualifié la construction de fosse à neige-glace (ou glace-neige). C’est-à-dire une structure pour fabriquer de la glace à partir de la neige (Ou l’on pouvait la rassembler et la tasser)

 

·           Nous sommes à proximité du relais de poste sur la seule chaussée qui traverse l’Esterel. Elle reprend l’ancien tracé la voie Aurelienne attestée par les bornes romaines retrouvées. C’est un lieu d’étape trés ancien rebâti en 1653 et restauré en 1898. Une halte nécessaire pour les voyageurs, le transport de marchandises, à mi-distance de Fréjus et de Mandelieu. Une étape obligatoire vu le relief et la distance de 4 à 5 lieues (16 à 20 kilomètres) que pouvaient réaliser les équipages (l’annexe abritait jusqu’à 40 chevaux et 8 paires de bœufs).

 

        En l'absence d'archives à ce jour, l'hypothèse avancée est la suivante : On « fabrique » la glace dans cette fosse et on va la « stocker » dans la glacière à moins de 2km pour satisfaire les besoins de l’Auberge. 

 

            En effet, malgré des recherches ultérieures, il n’a pu être trouvé de lieux « de production/ramassage – bassin de congélation » dans le vallon de Font Freye. La combinaison (et proximité) de deux types de « réservoirs » (Glacière puis Fosse) est même intéressante. C’est la preuve d'une connaissance et d’une maitrise des techniques permettant la production dans un site puis le stockage à l’endroit le plus favorable tout cela à proximité immédiate des « producteurs et aussi utilisateurs ». 

 

            Une étude climatologique complèterait certainement les recherches en attendant de retrouver des archives car celles des Adrets de l'Esterel sont stockées à Montauroux.

 

                   

 

               Christian CHABERT.

 

 

 

  ((1)A noter que dans le Massif de la Sainte Baume (St Maximin) de grandes glacières sont dans un vallon qui s’appelle aussi "de Fontfrége " (Font : source, fontaine suivi de  la racine freg pour froid).

 

     

 

        (2) la taille des deux édifices ne permet pas une fabrication puis un stockage important susceptible d’alimenter une ville (Fréjus ?). 

 

 * la Glacière :  Diamètre 6m * Hauteur 7m. Ce qui correspond en référence à la Ste Baume à des modèles parmi les plus anciens qui permettaient de stocker 5000 quintaux de glace.

 

* la Fosse neige/glace : Diamètre 5m hauteur 1,70m

 

Des dimensions et des plans ont été très précisément relevé par l'association Alpi Maritimi - un Site et des passionnés (Paul BRETEAU et Raoul BARBES) dont le travail permet de consulter plans et historiques de nombreux sites de notre région.

 

 

Glacière du FontFrey les Adrets de l'Esterel