USAGES anciens ou modernes des PLANTES                                                                du Massif de l'ESTEREL, des MAURES et du TANNERON

PPRESENTATION :

            

          Lorsque nous parcourons les sentiers du Massif de L’Esterel, nous admirons une flore très diversifiée. Si nous ramassons encore champignons, châtaignes, arbouses, nous ne voyons souvent dans toute la végétation que le décor de nos loisirs.

       SI le progrès a apporté bien des solutions à nos besoins on oublie souvent que tous nos anciens, depuis la préhistoire, ont appris à détecter, à exploiter les qualités qui se trouvent dans les plantes, la nature.

       En fonction des déplacements, des activités « les chasseurs cueilleurs » puis toutes les civilisations qui se sont succédées, pour répondre à des besoins, ont ainsi découverts bien des usages : Nourritures d’abord puis pharmacopées et par extension des fonctions décoratives, symboliques et pour des pratiques religieuses.

         Les roches cristallines, volcaniques, certaines à forte teneur en silice, qui composent les trois massifs : Maures Estérel Tanneron ont favorisé l’adaptation et la croissance d’une flore parfois bien différente de celles, souvent plus pauvres, qui poussent dans les massifs calcaires qui les entourent.

       Ainsi, certaines plantes ont même été à la source d’industries et de commerces bien particuliers. 

           Anciennes où plus récentes, endomorphes où introduites dans les derniers siècles, je vous invite à regarder d’un autre œil toutes ses richesses…….L’usage de certaines est désormais anecdotique alors que d’autres sont toujours d’un usage courant……   

         

==> ACANTHE EPINEUSE : (Acanthus mollis)

          Plante vivace et résistante. Ce sont les formes de ses feuilles qui ont servies de modèles pour les motifs des chapiteaux des colonnes des temples édifiés par les Grecs et des Romains.  Elles seront baptisées comme étant de style « corinthien » en référence à la cité.            

==> AIL : (Allium roseum)

          L’ail rose est le parent sauvage de l’AIL cultivé (Alium sativum). Sans ce dernier « l’Aïoli » n’existerait pas. Attaché à de nombreuses croyances populaires. Il est bu comme un vermifuge* ou bien porté en collier contre les maux de dents, Utilisé par les sorcières car il fait fuir les serpents, les araignées, son pouvoir bactéricide est désormais reconnu scientifiquement. Retenons son usage en cuisine. Dans les fonds humides du maquis on trouvera facilement « l’Ail à Trois Angles » (Allium triquetrum) sa tige est caractéristique ornée de fleurs blanches en clochettes.

==> AMANDIER : (Prunus dulcis)

          Ses amandes douces sont largement utilisées dans la cuisine provençale. Si on ne sait plus très bien ce qu’est le « saussoun » (poudre d’amandes, crème d’anchois, huile d’olive, fenouil), ce fruit à coque est toujours essentiel aux « quatre mendiants », l’un des treize desserts du réveillon provençal. On peut les piler pour faire du lait d'amandes (le sirop d'orgeat), une boisson rafraîchissante qui calme les irritations de l'intestin. Pressées à froid, elles produisent une huile émolliente* et laxative*, également utilisable en lotions pour les soins de la peau (brûlures et irritations) et le soin des cheveux.  Des amandes amères est extrait l'acide prussique.

==> AMELANCHIER : (Amelanchier ovalis)

          Proche parent de l’amandier dont les fleurs sont roses, « l’arbre à oiseaux » se distingue par ses fleurs blanches et ses feuilles ovales. C'est aussi un arbre rustique, poussant sur les terrains secs, pauvres et surtout acides. Ses baies, les amélanches, rouges/noires sont parfaitement consommables, crues ou en confitures. Elles sont également appréciées des oiseaux ce qui justifie le surnom.

==> ARBRE CHASTE : (Vitex agnus-castus)

          L'espèce locale, le « Gattilier » ou « Pébrier » (une appellation que l’on retrouve dans des noms de lieux) pousse au bord de ruisseaux. C’est un poivrier sauvage qui produit de petits fruits charnus, noirs rougeâtres, au goût camphré. Ils sont utilisables comme condiments, comme épices mais aussi comme sédatifs, voire comme anti-aphrodisiaques. C'est pour cette dernière raison que ses graines, employées dans la nourriture monastique, avaient été appelées « Poivre de Moine ». On s'en sert encore actuellement pour traiter les maladies des yeux, les maux d'estomac et les troubles hormonaux.  

==> ARBRE DE JUDEE : (Cercis siliquastrum)

          Importé de l’ancienne Province Romaine de Judée, c’est aussi suivant la « tradition » historique, à cet arbre que se serait pendu Judas. C’est pour cela que l’on dit de ses fleurs qu’elles « sont rouges de honte ». Ce qui est certain, c’est que ces dernières, légèrement acidulées sont délicieuses, crues dans la salade ou frites en beignets. Le bois veiné, dur, qui se polit très facilement, était employé en ébénisterie et en particulier taillé et poli pour fabriquer les boutons des habits de fêtes.  

==> ARBOUSIER : (Arbutus unedo)    

 Alors qu'il porte à l'Automne ses petites fleurs blanches en clochette, il propose aussi ses fruits rouges, résultant de la floraison de l'année précédente.  Baptisé « Arbre à Fraises », il offre des fruits pleins de vitamines qui font bien sur le régal des perdreaux, des faisans, des geais mais aussi des randonneurs. Ces fruits servaient à la confection de confitures et de liqueurs (crème d’arbouses). Par distillation on en obtient de l'eau de vie mais c’est surtout en farine que les anciens les utilisaient en cas de disette. Le liquide extrait des fleurs est excellent pour favoriser la transpiration. Quant aux abeilles, elles en produisent un miel amer, fort en sucre. Son bois (et sa souche) est utilisé comme combustible et faisait un excellent charbon de bois. Riche en tanin, il était parfois usité pour le travail du cuir. Dur, les pêcheurs taillaient dans ces branches, comme dans celles de la « Bruyère arborescente », des aiguilles pour tresser les filets. Coloré, son usage en tabletterie était fréquent. Comme médicaments on tirait de l'écorce et des feuilles des préparations diurétiques*, astringentes* ou pour soigner les reins, la cystite. Cet arbre « …dont on pouvait tirer profit de tout… » a son aire limitée car il ne pousse que sur des sols cristallins acides est également devenu un objet décoratif pour les jardins.

==> ASPERGE SAUVAGE : (Asparagus acutifolius)

          L'espèce aux « feuilles aiguës » est très recherchée au Printemps. En effet ses jeunes pousses sont toujours très appréciées par les gourmets. Elles permettent de confectionner des salades ou des omelettes. Elle est diurétique*, aide le foie, le cerveau et serait aussi aphrodisiaque. A défaut ses branches dures tressées, servaient de filtre pour la « Tine » le trou de la cuve des vignerons.

==> ASPHODÈLE A PETITS FRUITS : (Asphodelus ramosus)

          Très reconnaissable au printemps avec sa longue tige parsemée de fleurs. Souvent autour la terre est labourée, car les sangliers sont des grands amateurs qui se régalent inlassablement de ses tubercules. Celles-ci sont pleines d'amidons et de sucres. Elles permettaient en cas de famine, de faire de la farine et du pain. Comme la racine de la « Grande Gentiane » elles servent également à fabriquer un alcool.

==> BOURRACHE : (Borrago officinalis)

          Nostradamus la décrit comme une plante qui rend joyeux. Effectivement, tout sert dans cette plante. On lui prête des valeurs médicinales avec ses racines, ses tiges, ses feuilles, ses graines Si ses fleurs en infusions sont souveraines pour les maux de gorges, c'est aussi surtout un dépuratif*. On en extrait une huile qui est riche en acides gras et d’une action bénéfique sur la peau, les rhumatismes, la goutte. Communément cultivée (Borrago Anchusa), ses feuilles se mangent en salades, en épinards et on sert ses fleurs en omelettes. 

==> BRUYERE ARBORESCENTE : (Erica arboréa)

          Rien que la qualité du miel de printemps, au goût de caramel est déjà un plaisir. Sa fleur est donc très importante pour les abeilles à la sortie de l'hiver. Son emploi médicinal (anti inflammatoire pour la vessie et la prostate est devenu confidentiel). Son usage le plus connu est l'utilisation de sa souche pour la fabrication des pipes (de Cogolin). Même celles de Saint Claude viennent du massif des Maures (où de Corse) car cette bruyère ne pousse que sur des sols cristallins. Ne pousse que sur les sols acides, très prolifique lors de la floraison de ses fleurs en clochette blanche, on a l’impression qu’il a neigé sur le maquis. Une autre variété, de bruyère, mais courte La CALLUNE (Calluna vulgaris).

==> BRUYERE A BALAIS : (Erica scoparia)

          Souvent confondue avec la précédente, elle s'en distingue par des fleurs moins visibles (plutôt vertes) et ses jeunes rameaux sont glabres au lieu d'être poilus. L'usage de ses branches séchées est ancien. Il est de retour, car le bon vieux balai en branches de bruyère avait été « oublié » pour le plastique par les services techniques des communes. Plus efficace, plus économique, il est à nouveau fabriqué par exemple aux Adrets (85.000 pièces par an). De plus cet artisanat participe activement à l'entretien des forêts. Moins connu est l'utilisation de ce matériau pour fabriquer des fascines, haies de protection (vent, sable, soleil) mais aussi pour matérialiser les sauts d'obstacles sur les hippodromes.

==> CAPRIER : (Capparis ovata)

         Hélas quasi disparu dans nos massifs cet arbrisseau est renommé pour sa production de câpre. Ce condiment que l'on obtient par macération dans le vinaigre blanc, n'est pas le fruit, mais le bouton floral de cet arbrisseau. « La Tapenade et le Ratio » ne pourraient exister sans lui. De l'écorce et des racines on tire une infusion diurétique*. La fleur est superbe.

==> CAROUBIER : (Ceratonia siliqua)

         Voici un arbre indigène qui est devenu souvent qu’ornemental et pourtant. Ses longues gousses sucrées permettaient de nourrir le bétail. Elles étaient mangées par les populations pauvres ou bues en sirops, en boissons fermentées. Pour les gens riches par contre on en confectionnait des sorbets. Il suffisait de les mélanger avec la glace récoltée, stockée puis transportée de nuit comme par exemple depuis les énormes glacières de la Sainte Baume. Le fruit est utilisé pour calmer la diarrhée, quant au bois très dur, il permettait de fabriquer des cannes et de couleur rouge. Il est toujours utilisé en marqueterie. Moins connues l’usage trés ancien de ses gousses : « Les caroubes ». Toujours identiques en poids et tailles, elles servaient de référence pour peser de l’or, des bijoux. Le poids d’une caroube c’est 0,20gr, un poids qui est devenu l’unité de référence en joaillerie, le  « carat ».

==> CHATAIGNIER : (Castanea sativa)

          Il a été baptisé « l’Arbre de la Providence ou arbre à pain », car il produisait ses marrons même en temps de disette. Il a été abondamment planté dans les Maures, l’Estérel (plus de 4000 hectares). D'un usage commun y compris pour le bétail, ses fruits sont devenus vers 1900 un produit de qualité, récolté, préparé et expédié dans toute l’Europe. Perte d’intérêt, fortement concurrencées par d’autres régions (Ardèche), faute de soins (maladie de l’encre due à un champignon) les plantations ont disparu et ne subsistent surtout qu'à Collobrières. Sa fabrique de confiserie employait jadis près de 100 personnes en saison. Le bois très résistant était comme de juste, très apprécié pour les charpentes, l'ébénisterie comme pour confectionner des ruches.,

==> CHAMPIGNONS (de toutes sortes) :

        Les sanguins, les morilles, et surtout les « pinencs » (lactaires délicieux) et les « boulets » (les ceps inféodés au sol siliceux) sont indissociables de la cuisine provençale. Ils sont dégustés frais, frits, séchés, vinaigrés. Et si les amateurs vous parlent de « bonne ou de mauvaise saison », ils gardent jalousement secret leurs bons coins.

==> CHENE LIEGE : (Quercus suber)

      Le « Subier » » le Suvier » les autres noms de cet arbre qui va donner son nom à des quartiers : « Suberaie, Suveret » a des exigences très précises. Il lui faut un climat sec et chaud et un sol acide comme celui de l’Estérel, des Maures. Il est l'exemple parfait de l'adaptation spécifique d'une plante. Tous les 10/15 ans, sur les arbres âgés de 50 à 300 ans, on procédait au « levage » du liège « femelle ». Une récolte qui s’effectue seulement entre juin et août, lors du ralentissement de la poussée de sève. La première récolte a été précédée, lorsque l'arbre avait atteint environ 20 à 30 centimètres de circonférence, par le « démasclage ». Une opération délicate, qui consiste à enlever le liège « mâle » sans blesser la couche productrice « la mère ». Si les qualités exceptionnelles du liège font du « bouchon » l’élément indispensable d'une bonne bouteille, cette matière est mondialement employée, du bâtiment à l'industrie spatiale. Des filets égyptiens équipés de flotteurs fait de liège, des ruches décrites au premier siècle avant Jésus-Christ, à « l'engrais des prairies », « au « charbon des pauvres » en passant par des poudres pharmaceutiques, astringentes*, coagulantes*, le liège est toujours irremplaçable dans bien des activités modernes. Malheureusement et en particulier, difficulté des reliefs et coûts de production, ont quasiment fait disparaître dans notre région, son exploitation et l’industrie de transformation de l’écorce du chêne liège. Conséquence plus grave, alors que son écorce le protège, qu’elle lui permet de résister à un incendie et de reformer en 20 mois, une couronne végétale, les forêts ne rapportant plus rien, sont peu ou pas entretenues. La végétation envahit le sous étage des forêts, augmente son inflammabilité. Les risques d’incendies sont multipliés et les coûts en moyens de lutte deviennent énormes sans parler des dégâts aux zones urbaines toujours plus développées et contigues.

==> CHENE VERT : (Quercus ilex)

           Le « Quercus », le « Yeuse » est l’hôte des maquis. En hiver, Il ne perd pas ses feuilles piquantes qui ressemblent à celles du Houx. Tout était utilisé ! Son bois a beaucoup servi en tournerie, ébénisterie, pour les charrons et naturellement pour la construction. IL était la matière première des « bouscatiés » et carbouniés » pour produire le charbon de bois. Une transformation longtemps obtenue en aménageant des « charbonnières » pour y dresser les « meules ». Courant 19éme siècle, apparaitront des fours métalliques « démontables » en deux ou trois éléments et donc facilement transportables. Avec son écorce, riche en tanin on va traiter les cuirs. Des branches on fabrique les manches d'outils. Pour nourrir les porcins, on ramasse ses glands. Ces derniers, en cas de famine, bouillis ou en farine, étaient consommés, au risque d’être victime d’une occlusion intestinale. Cette variété de chêne cohabite dans les massifs avec le CHENE blanc (Quercus Pubescens). Ce dernier pour lutter contre la chaleur et l’évapotranspiration* s’est doté de « poils » sous les feuilles et les rameaux d’où son nom.

==> CHEVREFEUILLE DES BALEARES : (Lonicera implexa)

Bien que toxique, en infusion c'était un diurétique *. Il est devenu courant pour décorer et embaume désormais murs et jardins en mai juin avec ses multiples fleurs.  Doit-il son nom parce qu’il est mangé par les chévres ou bien parce que, comme elles, il grimpe ? 

 

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