Découvrir, comprendre, mieux connaitre
Marchez en prenant le temps de « lire votre paysage » !
Difficile de se perdre dans ce parcours, aussi le but de ce descriptif n’est pas de vous orienter mais de vous proposer, tout au long de votre randonnée, au fil de votre parcours, une variété d’informations.
Les noms, les termes, signalés en caractères GRAS sont repris dans UN LEXIQUE.
Déjà, cet itinéraire comporte des ensembles visuels toujours renouvelés mais en plus, à la différence d’autres bords de mer, il est unique. Pourquoi ? parce qu’il est le résultat et le cumul d’épisodes volcaniques peu communs.
Conséquences : Des roches de couleurs et de formes exceptionnelles, une flore adaptée à un milieu venté, salé, cela sur un sol acide.
C’est également une côte qui a été naviguée depuis la préhistoire. Elle est donc riche d’histoires, d’usages, sources d’un riche vocabulaire.
Pourquoi dans ce sens ? : l’éclairage ! les lumières ! Au matin tout cela est à votre profit avec un final offert par la baie de Fréjus Saint Raphaël. En arrière-plan, le magnifique Rocher de Roquebrune sur Argens. Au soir il y a des couchers de soleil souvent fabuleux.
Les points d’intérêts, d’arrêts sont donc proposés au cours et dans le sens de la marche, mais le lexique est volontairement alphabétique.
PS : La Toponymie est un art difficile. Malgré les recherches, parfois ne restent que des hypothèses.
Textes et Photos sauf mention : Christian CHABERT
Une nouvelle approche, une redécouverte d’un des plus beaux sentiers du littoral de la Côte d’Azur.
Des détails sur les sites principaux complétés par une masse d’informations dans son LEXIQUE.
De Agay à Saint Raphaël par le BORD de MER
Depuis la gare, il faut progresser un moment le long de la route. Depuis un grand parking dominant la plage du Pourrousset, voici un bon endroit pour observer, comparer les deux éminences qui délimitent la rade d’Agay. L’arrondi du Cap du Dramont est bien différent de l’alignement qui personnalise son Rastel. Ils caractérisent l’originalité et les particularités du Massif de l’Estérel. Ils sont représentatifs des deux principales séquences de son Volcanisme et des deux modes d’émissions de ses Rhyolites.
Juste avant les murs qui isolent les demeures historiques du Camp Long, un escalier permet de quitter la chaussée et propose un avant-goût rocheux de la randonnée. Celle-ci va se poursuivre par un relief fait de pointes, de caps, de criques et de plages. Comme partout, pour l’essentiel, les noms qui les distinguent ont été donnés par les Usagers. Ici ce sont les navigateurs, les marins qui avaient absolument besoin de repères qui ont créé l’essentiel de la Toponymie.
La plage de Camp long précède la montée sur les hauteurs du Cap. Au choix ! Soit par la piste facile, soit plus spectaculaire, mais plus engagé, par un sentier rocheux avec sa curiosité, une « fenêtre » dans la roche volcanique. Nous sommes dans un bel espace « nature », sauvé et protégé par l’ONF. Il est dominé par un Sémaphore de la Marine Nationale. Un réseau actif de 12 sur le Continent et de 7 en Corse.
Découverte d’un large panorama depuis la plateforme de l’Ancienne Batterie.
OPTION AR : Certes il faut encore monter pour rejoindre le plus haut sommet de la journée (127 m), mais il mérite un aller et retour, rien que pour ses vues à 360°. C’est bien pour cela que l’Evêché de Fréjus, va faire le choix de cette éminence et y faire construire un poste de guet (1562) ; Un autre, en face, sur la pointe de la Baumette vient compléter le dispositif d’alertes (Plus tard c’est la Communauté de Fréjus qui poursuivra la gestion des sites militaires).
Avec ou sans cette option, depuis la plateforme, descente et direction le petit port du Poussaï. Au passage, à la pointe de l’Esquine de l’Ay, admirons un arbuste qui doit son nom à sa couleur argentée : La Barbe de Jupiter ! Venue de l’Ouest méditerranéen, cette espèce protégée colonise tous les caps. En effet, elle a toutes les capacités à supporter les conditions extrêmes de ces avancées soumises à des vents violents chargés de sel. Poussant à proximité, attention à la Thymèle Hirsute (ou plutôt la Passerine Hirsute) car très toxique (peau et muqueuses). C’est aussi une plante rare et protégée par la Loi.
Puis c’est la découverte des vues sur l’Île d’Or et de son histoire savoureuse. Avant de rejoindre le bord de l’eau, on traverse un condensé de la Flore particulière de l’Estérel. Déjà parfaitement adaptée à un sol volcanique acide, elle aussi résistante à la chaleur, aux vents. Parfait exemple, regardez le Seigneur des lieux : Reconnaissable à son tronc gris, parfois argenté selon les éclairages, bien vertical ou tordu, installé ou cramponné c’est le Pin d’Alep.
Du port, quelques rochers jusqu’à une grande plage, dite du Débarquement Elle est parsemée des galets à dominante bleue. Ce sont des débris d’Estérellite. Une roche, exploitée pour ses qualités décoratives par les Romains (carrière du CREPS) puis industriellement (de 1864 à 1959), dans les carrières du Dramont. (Vous avez un peu de temps ? rendez-vous à la riche et proche : Maison des Carriers « ils ont pavé le monde »).
Il faut d’ailleurs, de toutes façons et malheureusement (1), quitter le rivage et monter quelques mètres. La compensation, c’est de pouvoir profiter de cette obligation pour découvrir l’ensemble commémoratif.
A droite du monument, un mini tunnel permet de passer sous la route, la voie ferrée et de déboucher sur un lac aux falaises impressionnantes.
Les pluies sont venues remplir les deux anciennes carrières. Depuis des escaliers à gauche, monter sur la piste qui évite la pénible (et dangereuse) marche sur la RD 98 (sans trottoirs et souvent encombrée). Depuis le passage à niveau, traversez avec prudence, la route pour retrouver définitivement le Chemin des Douaniers, devenu pour notre plaisir sentier du littoral.
OPTION AR : Vous avez du temps, prenez à gauche pour un Aller et Retour jusqu’à un très beau point de vue et ses curiosités géologiques uniques.
Un cheminement peu aménagé mais qui permet d’accéder à la plage puis à la pointe de Pierre Blave. Il faut d’abord franchir, sans se mouiller les pieds, la mini pointe Garde Vieille. Au passage, repérez dans une coupe verticale, des strates diversement colorées, déformées d’Arkoses. Dessous, on devine la poussée de l’Estérellite.
Formant la pointe, les alignements de cette dure pierre « bleue » ont « résisté » à la mer, mais pas les portions isolées. Se détachant du sol, elles ont été sculptées par le vent. Superbes voici des « Taffonis ».
Après cette digression, retour et reprise de l’itinéraire. Brutal, il faut franchir un passage dans des grands ensemble de roches violettes, des pyroclastites basiques, truffées de bombes volcaniques « d’Hawaiite. Ce sont des magmas, émis par le volcan d’Aigue-bonne. De la même famille que le toujours actif Stromboli, ses restes sont engloutis en mer, à proximité immédiate de la plage. Plus au large, non visibles également, une dizaine d’épaves Romaines.
Franchit cet événement volcanique bien spécifique, on devine sur la droite, la succession des grandes propriétés de la « Belle Epoque ».
Vont s’enchainer petits caps et plages de sables, de graviers où de galets. Pour lézarder on peut choisir celles aux noms faciles : de Boulouris, de la Pescade, de Val Fleury (anciennement Plage de l’Homme mort avec d’autres noms oubliés à retrouver dans le LEXIQUE), où celles qui méritent plus de recherches : de la Tortue et de L’Arène Grosse.
Notre itinéraire, nous fait découvrir une nouvelle formation rocheuse : Ce sont des arkoses conglomératiques.
En effet, il y avait eu un changement de couleurs, d’aspect de roches. Dans une pâte marron sombre, enchâssées dans le sol, dans des murets, dans des lames sculptées, une multitude des pierres arrondies. Nous sommes à hauteur d’un quartier, Boulouris. Doit-il l’origine de son nom à un décor géologique inattendu, car dans les cartes anciennes, nous passons la pointe puis la plage de la Boulerie ! Spectaculaires ces résultats des dépôts arrachés à l’Estérel, transportés par les rivières, roulés, soumis à l’usure, compactés « en poudingue ». Des dizaines de milliers d’années d’érosion, de destruction.
Profitant d’une faille, accrochés aux rochers, dans les pierres ou les sables, notre parcours nous propose toute une Flore de bord de mer. Plantes halophiles ou autres, c’est tout une végétation qui est bienadaptée aux vents et aux embruns salés.
Passée une dernière plage de sable, la Péguière, pour notre dernière étape, débute une longue courbe, protégé du mistral par une hauteur (+ 29m). Elle offre son panorama au quartier justement baptisé de Beau Rivage. Nous avons repris la marche mais ce sont à nouveau des roches rougeâtres. Une couleur accentuée dans des placages que l’on détaille dans une coupe verticale, à droite, composée de milliers de plaquettes. Plus loin, d’autres formes originales nous attendent. Nous arrivons dans un nouvel ensemble volcanique qui forme la Batterie des Lions. Le magma volcanique est un Trachyte.
Il faut savoir prendre du temps au temps, pour savourer les vues du parcours déjà effectué, pour mesurer la qualité et la diversité de la presque totalité de ce spectaculaire Sentier du Littoral. Cela justifie un arrêt à la pointe des Cadéous, prélude au très beau parcours du Cap Santa Lucia, un nouvel et dernier ensemble de pointes rocheuses, plus tourmentées.
Coincée entre deux pointes, voici la petite, avant dernière de notre randonnée. Quasi confidentielle plutôt crique, voire calanque, c’est la plage des Fournas. Comme les autres, après les coups vents d’est, elle est jonchée de débris d’une espèce protégée : la Posidonie. Formant de gros entablements, on en distingue bien les feuilles, morceaux de racines et de curieuses boules. Peu appréciés des estivants, ces dépôts en train de pourrir sont pourtant à conserver, car refuges d’espèces et aussi protecteurs de l’érosion.
On prend un peu de hauteur, le sentier, devenu étroit, demande un peu d’attention car il est bordé de falaises.
Observez les nouvelles formes des rochers ? Ils sont organisés en de grands alignements. Ils sont quasi identiques et en coupe, c’est un empilement régulier d’hexagones. La symétrie, l’apparence d es prismes, fait penser aux colonnes (aux tubes) d’un Orgue. (Appellation que l’on retrouve dans d’autres sites, Islande, Irlande, Massif Central).
Après ce nouvel instant géologique, avant les dernières marches, pour savourer un décor complet, c’est un belvédère qui justifie une ultime halte.
Il surplombe l’ex- anse des Corailleurs remplacée par le port de Santa Lucia. Un final parfait, mélangeant les couleurs et les contrastes : Bleus de la mer et verts d’une végétation de pins tordus par les vents. Au loin, les verticales du Rocher de Roquebrune sur Argens se détachent sur les arrondis du Massif des Maures et la plaine de l’Argens. Dans la baie soulignée par les constructions, la vue porte sur une ile proche, le Lion de Terre et plus loin se découpe la silhouette du Lion de Mer.
Une pause dans un café au bord des quais et retour en ville par les jardins du bord de mer. A droite, de l’autre côté de la route, cachée derrière une masse de végétaux, on devine la Maison Close de l’écrivain journaliste Alphonse Karr. Un parc magnifique avec, sans doute, la construction la plus discrète des résidences de la Belle Epoque.
Christian CHABERT
(1) Un itinéraire coupé par des terrasses et piscine appartenant à l’hôtel les Roches Rouges. Des aménagements totalement illégaux empiétant sur le domaine maritime et donc contraires à la loi « littoral (1986).
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