Le SENTIER du LITTORAL d’AGAY à SAINT RAPHAEL. NOUVEAUX REGARDS
LEXIQUE :
Flore, Géologie, Toponymie et autres détails pour mieux le découvrir en marchant !!
AGAY (Rade d’) : Abri naturel évident, elle est utilisée par les navigateurs dès la préhistoire. Sur des pirogues creusées dans un seul tronc de bois ou des radeaux. Ils venaient s’installer et créer un village d’agriculteurs éleveurs. Avec une possibilité d’approvisionnement en eau douce, elle est bien protégée des excès de la mer. Parfaite pour un mouillage elle n’a jamais cessé d’être utilisée et même certaines cartes (XVII°) la qualifie de « Port refuge » ou simplement de « Port » (Cartes CASSINI 1756/1815.
AIGUE BONNE (Plage d’) : C’est le nom du grand vallon qui débouche sur cette plage. Une « bonne eau » qui pouvait permettre un ravitaillement régulier pour les marins ? Une hypothèse pour un besoin à des époques où l’on naviguait le long des côtes. Commerces et transports y compris de passagers étaient assurés de « cap en cap ». Bien que le port romain de Fréjus à l’abandon depuis 1561 soit désormais inaccessible en 1650, c’est toujours LA ville commerciale entre Nice et Marseille. En 1764 l’Amirauté (crée par le Roi Henri II, en 1555) comptabilisera 306 navires dont l’essentiel sont ces Tartanes de 100 Tonneaux, spécialisées dans le cabotage
ANCIENNE BATTERIE (historique de) : Un emplacement déjà utilisé à l’époque de la Marine à Voiles. Il fera partie de l’ensemble des défenses que fait construire l’occupant nazi à partir de 1943. Plages, baies, rade et surtout le viaduc d’Anthéor qui supporte l’unique voie ferrée entre Marseille et Gènes sont des endroits stratégiques essentiels. Toujours visibles : Casemates, cuves d’artillerie, abris, réserves creusées dans la colline jalonnent le parcours Ici, on devine des emplacements, en limite des remblais réalisés lors de l’installation du bâtiment et de l’antenne qui gâchent un peu le paysage. (Comme quoi, même en zone protégée !!!!)
ARENE GROSSE (Plage d’) : Sans doute la plus grande (grosse) du parcours et surtout, après bien des plages de galets, elle est agréablement sableuse. C’est sans doute l’explication quant à son nom. En latin, le sable se dit, s’écrit « harenae ou arena ». Pour des combats de gladiateurs, chasses d’animaux et autres divertissements bien sanglants, les Romains ont fait construire de grandes structures arrondies. Un empilement de gradins avec pour centre une vaste scène aménagée. Pour absorber tout ce sang, quoi de plus pratique que de répandre sur le sol, une grande couche de sable ! C’est finalement tout l’ensemble de ces édifices qui prendra le nom du matériau utilisé : l’arène !
ARKOSES (Conglomératiques) : Roches détritiques résultant de la détérioration d’autres roches visibles en strates avec un cumul de galets arrondis, de tailles diverses, liés par un « ciment » de sables plus fins. Celles décrites à la mini pointe GARDE VIEILLE cumule de beaux exemples d’empilements mais strates plus fines.
BAUMETTE (Pointe de la) : En Provence, le terme Baume remplace généralement celui de Grotte (ex. Sainte Baume). Ici, c’est une petite grotte ou un abri sous le rocher. Avec à l’Est celui du Cap du Dramont, un deuxième poste de guet a été logiquement installé, en face, à l’Ouest de cette rade. Par la suite on verra différents corps militaires, payés par l’Evêché, puis la Communauté. Ainsi, en 1708 on note que « … les Fréjussiens relèvent au Fort d’Agay et aux redoutes de la côte, les gardes Suisses … ». En 1785 c’est une Garde Nationale avec des détachements de canonniers, responsables des trois batteries. Ils font partie des « Gardes Côte de Provence ». En 1813 cette batterie (avec celle du Cap Roux, repousse l’assaut de la flotte Anglaise).
BATTERIE des LIONS : Sans doute aussi un ancien emplacement de la marine. C’est la dénomination pour l’ensemble qui regroupe la pointe puis les iles des Lions de Mer et de Terre. On parle plutôt désormais de (quartier) de Santa Lucia.
BEAU RIVAGE (Domaine de) : Abrité du Mistral, des belles vues, de quoi séduire le futur propriétaire Mr Marc Martin. En 1870, c’était un très grand et beau parc qu’il fait aménager autour d’une construction, certes massive mais raffinée. La qualité du lieu donne son nom à l’ensemble qui sera divisé puis vendu en appartements, après la 2 ème guerre mondiale. Proche, construit en 1907 pour la famille Calvet, un grand bâtiment massif vite baptisé « le château Calvet » Transformé en Casino, il n’en reste rien, qu’un lotissement.
BELLE EPOQUE (La) : Sur ce front de mer, plus de 30 constructions vont être bâties durant cette période faste. Grandes demeures de style souvent bien différents, du Méridional à l’Anglo Normand, suivant les goûts, les fantaisies de riches résidents. Depuis le sentier du littoral, murs de pierre, balustrades, gloriettes et parfois, une façade, une tour au milieu de grands parcs qui se terminent en terrasses. On devine ces constructions dont certaines étaient des hôtels. Spectaculaire, la villa dite « Mauresque », est un parfait exemple de ce qui pouvait se réaliser suivant ses envies. On est bien loin des réalisations actuelles des promoteurs, souvent bien moins réussies.
BOULERIE (Pointe et Plage de la) : Un nom qui a disparu des cartes * et pourtant : Les pierres arrondies de toutes tailles sont souvent rassemblées, enchâssées en différentes strates Parfois elles ont disparu et c’est un alignement de trous. La cohésion est due à des débris de roches, sables qui ont cimentés tout cela et qui parfois forment également un épaisseur distincte. Ici, on observe des formations rocheuses étonnantes, c’est tantôt un pavement, plus loin des lames.
(*) Mentionnées encore en 1925 sur la carte d’Etat Major ou celle d’un des guides illustrés (Hachette) : La Côte d’Azur illustrée.
CADEOUS (Pointe des) : En occitan, un cadeu, c’est un jeune chiot, un jeune gars. Alors sommes-nous sur un lieu où les « jeunes » se rencontraient ? pêchaient ? Recherches en cours !
CAMP LONG (Plage de) : Également lieu-dit pour cette vaste plateforme qui la précède et qui comporte aussi quelques « pointes longues ». Déformation de terme caillou « un Caou » ou bien de « Champ » pour camp. Difficile de trancher mais par contre un bel endroit, discret pour que des personnalités fassent édifier dès la fin 1900, villas et superbes parcs. Tellement caché qu’il a été propice dès 1942 aux activités d’un groupe de la résistance. (Germaine Sablon, Joseph Kessel, Maurice Druon et autres.)
CARRIERES DU DRAMONT : En 1913, par exemple ce sont 1.747.000 pavés d’estérellite qui sont produits et Il faut y ajouter bien d’autres produits : Bordures de trottoirs, ballast, graviers, pierres…Un pont transbordeur vient charger les péniches stationnées en bord de mer. Des voies sont aménagées pour charger des files de wagons. Dans les carrières, perforateurs pour les trous de mines, élévateur pour amener les wagonnets à niveau, concasseur, machines à vapeur, pompes et bien sûr déjà l’électricité. Débutés artisanalement en 1863, l’extraction, la taille, l’export ont été remplacés par une Société Anonyme en 1883 avec gare et port privés. Les années 1920 verront plus de 800 ouvriers dans les carrières, c’est une des plus grosses entreprises du Sud de la France. Dans les années 50, béton et macadam remplacement les pavés, les carrières ferment en 1959. Les terrains proches deviennent lotissements et campings ou village de vacances (Cap Esterel) Les carrières, lacs de loisirs et l’embarcadère une plage pour la nouvelle industrie : Le Tourisme et les estivants. En 1959, l’exploitation de l’Estérellite reprend dans une carrière aménagée par Pierre Delli-Zotti, dans le quartier du Grand Caous. Une route la dessert. Bien que sans issue, du parking d’Aire Peyronne, avant les balades à pied ou en VTT à voir absolument : Un magnifique menhir classé monument historique en 1910. Il y a près de 5500 ans, il y avait déjà des tailleurs de pierre. Ils vont découper, dresser une pierre de 1,83m et la sculpter de 122 cupules.
CHEMIN des DOUANIERS : Un peu plus de 10 kilomètres sur les centaines de notre côte. En 1681, le Ministre de la Marine, J.P. Colbert, édicte une ordonnance définissant : Ce qui est « … Bord de rivage de la mer » et justifie l’interdiction d’y construire afin de ne pas « … porter préjudice à la navigation... ». Mais taxer un produit c’est créer un marché clandestin ! C’est seulement vers 1791 que sera réellement aménagé, puis renforcé par Napoléon (1806), un chemin avec ses postes de guets et ses bâtiments (douaniers et familles). Certes, cela sert à surveiller la circulation d’opposants aux gouvernements, de lutter (déjà) contre l’immigration clandestine, de porter secours en cas de naufrages mais surtout de lutter contre la contrebande. Tabac, tissus, denrées et surtout la forte taxation du sel, vont créer un complément de revenus à ceux qui connaissent bien la côte. Pour une surveillance efficace : Pour les Brigades, les veilleurs dans des abris, les patrouilles de deux douaniers marchant à la rencontre l’un de l’autre, il fallait créer et entretenir un beau réseau de sentiers. Un héritage, une belle chance pour nous.
CORAILLEURS (Anse des) : En 1968 débute la construction de ce qui sera bientôt un des plus grand port de plaisance de la côte d’Azur (le 3éme). Il prend le nom de la colline qui le borde : Santa Lucia. Avant, sur ce bord de mer plus ou moins rocheux, une plage de sable et de rochers.Très pratique pour stationner, entretenir des embarcations spécialisées pour « aller au corail » ! Des petites pour localiser des bancs de ces animaux. Abondants entre 40 et 50m, Ils poussent en colonies sur les pentes et surplombs sud des rochers. Plus grosses, baptisées « Corallines », à l’aide d’un cabestan, elles trainent une corde équipée d’une barre ou d’une espèce de croix où sont accrochés des filets lestés d’une pierre. C’est bien une pêche qui est pratiquée dès l’antiquité dans toute la Méditerranée en eaux peu profondes puis en « trainant » cette espèce de faux. Une pratique qui sera interdite car très destructrice. Après des tentatives en scaphandre lourd, c’est à partir des années 1950, que la récolte se réalise grâce à la mise au point d’une invention récente : Le scaphandre autonome. Il permet la sélection, d’une activité professionnelle désormais très règlementée.
DEBARQUEMENT (Plage du) : L’importance des besoins et les qualités de l’Estérellite en faisaient un matériau essentiel pour les occupants Allemands. Ceux-ci ont donc réquisitionnés les ouvriers, utilisant les aménagements des carrières, dont le pont transbordeur. Il fallait pouvoir continuer à charger les péniches et en conséquence, ils n’avaient pas miné cette plage. Belle opportunité, signalée par la résistance, cela a permis de choisir cet emplacement pour l’offensive principale du 15 aout 1944. La 36ème Division d'Infanterie du Texas, a pu réaliser une attaque efficace, cela avec peu de pertes. Plus généralement le choix de cette partie de la côte était justifié : Un ensemble de Pampelonne au Trayas bénéficiant de grandes plages et donnant accès à un axe de circulation millénaire sans grands reliefs. De plus il évitait d’affronter les ensembles très protégés de Toulon et de Marseille, tout en coupant la voie ferrée, axe essentiel vers l’Italie.
DRAMONT (Cap du) : Nom actuel après bien des adaptations : Dermont 1705, Dremont, parfois d’Armont et encore Darmond pour les topographes dont CASSINI. Retenons le concept de « Mont » (aras mons = mont de l’autel) pour cette belle hauteur hélas un peu gâchée par une antenne relais.
ESTERELLITE (Roche) : En 1896, un scientifique, Auguste Michel-Lévy n’arrivait pas à trouver une correspondance dans la classification des roches établie par les Géologues. Effectivement cette pierre était unique ! Il va lui donner le nom du Massif, lieu de sa découverte. Ce sera la Pierre (Du grec Lithos) de l’Estérel. Elle est le résultat du dernier épisode volcanique, un magmatisme plutonique qui s’est produit il y a moins de 35 - 30 Millions d’années. Il n’y a pas eu d’émissions de laves car le magma en fusion est resté enfoui, sous la forme de grosses masses magmatiques, pluton ou laccolithe. Très dure, bleue, truffée de cristaux de quartz translucides et de feldspath, elle était souvent désignée sous le terme de porphyre.
ESQUINE de l’AY (Pointe de l’) : Nouvel appel aux linguistes pour comprendre l’appellation. C’est un arrondi, bien découpé, comme « une échine, un dos » qui s’avance dans la mer. Plus difficile le complément qui définit l’endroit : « AY » ? Simplement, vu la configuration de cette pointe, une comparaison avec l’arrondi de « l’échine d’un âne ». En provençal, c’est de « l’esquine d’un ai ».
EVECHE de FREJUS : Frejus, en 974, la cité libérée des Sarrazins, renaît autour de sa cathédrale sous l’impulsion de Monseigneur Riculphe. Elle prend une grande importance tant religieuse qu’administrative entre les évêchés de Toulon et de Grasse. Ville capitale des comtes de Provence, port d’importance, c’est le siège des autorités administratives, judiciaires et autres pour toute la région. L’éducation dépend des religieux et l’Evêché, grand propriétaire, participe aux financements des remparts, troupes et postes de guets. Plus tard, vers le 13éme siècle, si l’Eglise garde un fort pouvoir, c’est une COMMUNAUTE qui gère la ville. 3 Maires consuls, un conseil doivent s’occuper des finances, de la milice, des fortifications et autres travaux (dont ceux du port qui s’ensable), des, droits et jouissances des biens privés ou communs, des affaires religieuses, des approvisionnements. Cette Communauté inclue le petit port de pêcheur de Saint Raphael (400 habitants en 1794 pour plus de 2000 à Frejus). En 1789, suite à la révolution ce sera la création des départements, des communes.
FLORE (de l’Estérel) : En effectuant ce périple autour du Cap, pensons à éviter de piétiner toutes celles qui forment de petits coussins à raz du rocher juste au-dessus du niveau de la mer. Puis on découvre un concentré de plantes représentatives du Massif de l’Estérel (et des Maures). Bien différentes de celles qui poussent dans les garrigues au sol calcaire car elles sont adaptées à un sol cristallin, fortement acide. Citons l’Arbousier avec ses fruits et ses fleurs, le Silène négligé rose, l’odorante Lavande « papillon », la blanche et grande Bruyère arborescente, le Myrte parfumé et ses baies, le Genévrier oxycèdre dit « cade » aux mille vertus, la rare Immortelle d’Italie (plante protégée dans le Var) qui côtoie ici l’Immortelle des îles d’Hyères, les différentes Cistes. Tout cela dans une suberaie de Chênes lièges à l’écorce si particulière. Superbement déformés par le vent, les Pins d’Alep s’agrippent aux bords des falaises.
FLORE (du Bord de mer) : La nature « a développé » des plantes Halophiles. Elles savent vivre là où la présence de sel est trop forte pour d’autres. Cette végétation ceinture l’Estérel côté mer. Agrippée aux rochers et comestible, la grasse Crithme maritime (le casse pierre) survit même aux vagues. Dans les sables, voici le Panicaut maritime (rare, protégé et emblème du Conservatoire du Littoral) aux fleurs bleues. Le Lotier faux-cytise fleurit tout jaune et couronne aussi les rochers. Dans les zones plus humides, la Canne de Provence aux multiples usages (cannisses, tuteurs, anches d’instruments de musique) envahit. En limite, voici le Jonc aigu qui forme de grosses touffes où se posent des libellules.
FOURNAS (Plage des) : (anciennement, plage des FOURRAS) : Plusieurs solutions : Mais pas celle qui évoque un lien avec des grands fours puisqu’il n’en reste aucunes traces ! Plutôt un endroit où les anciens édifiaient de grands foyers avec les restes séchés de Posidonie. En raison de sa forte teneur en sels et en chaux, rassemblée en tas, au bord des plages, ces feux permettaient de produire des cendres en quantité. Il suffisait ensuite de les lessiver pour en extraire de la soude. Par réaction sur un corps gras comme l'huile d'olive, la soude était alors utilisée par de petites entreprises locales pour fabriquer un savon dur. C’est le procédé « marseillais » qui était employé pour fabriquer ce célèbre savon. L'invention de la soude artificielle en 1791 a fait disparaitre cette pratique.
GARDE VIEILLE (mini pointe) : Elle propose une belle coupe de roches détritiques : des arkoses conglomératiques, résultats de milliers d’années d’érosion. Des masses de débris vont s’entasser en un mille feuilles coloré. Ici on distingue bien ces couches qui en plus sont poussées, déformées avec cette zone de contact qui s’est formée lors de la montée de l’Estérellite dont on distingue bien la présence sous-jacente.
HAWAIITE (Basalte à labrador) : Juste avant la plage d’Aigue Bonne, nous sommes en présence de matériaux volcaniques de formes, de textures inhabituels. La couleur est noire et la composition chimique différente, car basique ! C’est durant un épisode particulier qu’un volcan maintenant englouti a émis des masses de cendres et de bombes. L’intérêt pour les vulcanologues (et nous) c’est d’apprendre que le volcanisme de l’Estérel a été Bimodal, c’est-à-dire qu’il a cumulé les deux modes : Emissions de magmas acides (beaucoup de Silice) ou de différents basaltes basiques (peu de Silice). Ici, cet évènement s’est produit dans le cycle final (248 MA).
LIONS DE MER et de TERRE (Iles) : S’agit-il d’une histoire ? d’une belle légende inspirée aux navigateurs Grecs et mêlant Dieux et Déesses et deux monstres. Certes pour la première, avec de l’imagination, on peut voir une forme (lion ? sphinx ?) dans ces restes d’une séquence volcanique de l’Estérel. Nettement plus oubliée, l’histoire de son don à la ville de St Raphaël (02/1918). L’Administration des Domaines avait mis en vente cette île (08/1866). C’est la veuve de l’acheteur donc son héritière, la Marquise de Rostaing (1848 -1932) qui l’offrit. Une grande Dame qui reçoit beaucoup (Poétes et grands de ce monde comme la Reine Victoria). Elle avait lancé à Seillans la culture forale et créera « la Parfumerie de Seillans ». En 1914, elle transformera son usine en Hôpital puis en maison de convalescence (1916). Infirmière Major, elle exercera aussi dans le Grand Hotel de Boulouris (1899) transformé en hôpital Militaire (1914). Son mécénat la laissera quasi ruinée et elle devra vendre tous ses biens en viager.
MAISON CLOSE (Belle époque) : A la différence des autres résidents, Alphonse Karr va rechercher la discrétion. 1867, Il rachète une modeste bâtisse, (Ancienne petite fabrique de savon, grâce à la soude, récupérée des cendres de Posidonie), seulement séparée de la mer par le chemin des douaniers. Rien d’ostentatoire dans la construction de sa villa. Tous ses efforts sont pour le grand terrain qu’il enjolive par une superbe végétation très variée. Des sources, du soleil, un jardin potager, des animaux et des amis. Pour se protéger des importuns, Il place un panneau avec la mention : « Maison Close » qu’il justifiera en écrivant : « … Cette petite plaque de fer blanc allait protéger mon incognito, dans l’obscur pays où j’avais décidé de finir ma vie. ». Pour sourire, notons au passage qu’il fut un des principaux artisans de la popularité de Saint Raphael.
MAURES (le Massif des) : Les laves produites par le volcanisme de l’Estérel (280 MA à 250 MA) sont venues se superposer localement sur un grand ensemble cristallin qui comprenait également le Massif du Tanneron (une séquence géologique, l’orogénèse varisque, qui a débutée il y a 400 MA). Alors pour le nom ? Une confusion s’est installée lorsque des auteurs (XIX°) ont voulu rapprocher cette appellation à l’occupation sarrasine (la Garde Freinet 923 -973). D’autres solutions, racines toponymiques sont proposées, mais on revient toujours à cette notion de sombre. S’agit-il de l’utilisation du « Maura » qui désigne le maquis de ces collines ou bien de « leï Mauro » la montagne Noire du Provençal (Frederic Mistral). Mais on peut toujours imaginer, que déjà, pour les besoins de repères, les anciens navigateurs utilisaient formes et couleurs. Dans une grande baie, entre l’Estérel rouge et des hauteurs boisées plutôt foncées, austères, il y a 2000 ans, se trouvait un des ports les plus importants de l’Empire Romain : Forum Julii.
OR (Ile d’) : S’il est un des sites les plus photographiés de la Côte d’Azur il est aussi un des plus « discuté » : (Des réponses dans l’annexe – sources et documentations)
Son nom ? : « Ile d’O ou Isle de Do » (cartes CASSINI), « Isle d’Or » sur le cadastre napoléonien (1826), elle deviendra définitivement « Ile d’Or » en 1856.
Sa tour ? : Style dit Sarrazin ou Florentin ou Toscan ? ou bien : Excès d’architecte, réponse aux désirs de propriétaire, ajouts de maçons en rappel de pays ?
Invention ? : de l’histoire d’un modèle qui aurait inspiré le célèbre Hergé lorsqu’il dessine son album « l’ile d’Or »
Son Histoire ? Magnifiée par les extravagances de son inventeur- propriétaire Auguste LUTAUD et liée aux fastes, fêtes, de la Belle Epoque.
ORGUES (forme) : Ces figures en prismes se forment par contraction thermique. C’est le mode de refroidissement des magmas qui a provoqué une fracturation cela d’une manière homogène. Qu’ils s’agissent de basaltes, de rhyolites, de trachytes, par analogie, toutes ces formations volcaniques en colonnades sont comparées aux tuyaux des orgues. (Même si ce n’est pas surtout le même phénomène, en séchant, la boue d’un lac, se craquelle en forme de prismes).
PESCADE (Plage de la) : C’est là où l’on vient pêcher le pescadou (le poisson).
PIERRE BLAVE (Pointe de) : De longs alignements de cette roche très dure ont formé une pointe aux couleur « gris bleue » qui tranche nettement sur l’environnement. « Blave » en provençal désigne la couleur bleue. Un terme repris pour qualifier les eaux qui coulent dans les gorges du « Blavet ».
PEGUIERE (Plage de) : Un nom pour un lieu, un quartier ou votre plage préférée. C’était l’endroit où les bûchettes de résineux, dont le Pin Maritime, étaient placées dans une "pégoulière", un four fait de grosses pierres. Une opération pour en extraire un goudron noir bien collant : la "pégue". Dès l'antiquité on fait une énorme consommation de ce produit pour étanchéifier les bateaux en bois. Les Romains utilisaient déjà cette méthode de production. Bien d’autres usages de cette poix : de l’éclairage à la médecine en passant par le moyen de piéger les oiseaux ou d’inventer le feu grégeois, une arme efficace. Il était logique d’installer des fours au plus proche des utilisateurs. Sur le littoral Méditerranéen, nombre de plages sont ainsi désignées.
POSIDONIE (dépôts de) : Qui n’est pas une algue mais bien une plante à fleurs sous-marine avec des racines et des fruits appelés comme de juste : Olives de Mer. Elle a été dédiée au Dieu grec de la mer : Poséidon Elle vit jusqu’à moins 40 mètres, formant de riches prairies, des herbiers, si caractéristiques avec ses longues feuilles vertes qui ondulent. Séchées, elles étaient utilisées pour rembourrer les matelas ou emballer les objets fragiles, ses cendres en engrais ou pour produire de la soude. Sous l’eau, nourriture, gîte, cachette, lieu de reproduction, elle est essentielle à la vie de nos côtes. Sur terre, ses amoncellements protègent de l’érosion, abritent toute une vie y compris dans ces curieuses boules. Une spécialité que fabriquent vagues et ressacs avec les restes de ses fibres, feuilles et rhizomes. Bien d’autres qualités qui font de la « Posidonia oceanica » une plante protégée d’autant qu’elle pousse très lentement accrochée par des tiges rampantes plus que centenaires. A noter que l’on ne trouve les variantes de cette plante QUE sur les côtes européennes chaudes, (dont une endémique en Méditerranée) et QUE sur celles de l’Australie et de la Nouvelle Zélande : Explication : L’hypothèse est que à l’époque de la fracturation des continents, l’espèce d’origine qui se trouvait dans l’océan « Téthys » s’est partagée, s’adaptant uniquement dans ces deux parties du globe.
POURROUSSET (Plage du) : Allusion à la couleur des lieux ? Un peu de végétation roussie par le soleil et les embruns sur des rochers bien rouges ? Elle est utilisée comme d’autres criques d’Antheor, du Trayas, pour les débarquements, embarquements de résistants, d’agents clandestins. Pour les responsables des actions qui s’organisent depuis les villas de Camp long, c’était un lieu proche et pratique donc privilégié.
POUSSAÏ (Port du) : Un endroit bien sympathique dont le calme s’ajoute au visuel. Il garde son esprit d’origine et son usage. C’est l’endroit où l’on « poussait » sa barques de pêche à la silhouette si typique : Le « Pointu » ! Propulsé à la rame ou par sa voile triangulaire, sa forme avec la proue et la poupe identique, le rend très manœuvrant. Sa construction artisanale l’a fait classer « bateau d’intérêt patrimonial » Sa silhouette, s’inspire du même raisonnement que celui des premiers « vrais » navigateurs, il y a près de 8000 ans. Les plus anciens bateaux découverts sont soit taillés dans un seul tronc, faits de planches, de peaux sur armatures, mais toujours avec des pointes avant arrière quasi identiques.
RASTEL d’AGAY (le) : Guy de Maupassant, depuis son voilier « le bel ami », décrit parfaitement des « … Roches dentelées, tourmentées… Une barrière élevée entre la plaine d’Agay et la rade foraine… » De son style plus réaliste que certains « romantiques », il ajoute que « ...l’ensemble donne l’idée d’un gigantesque ruban de scie aux dents irrégulières et profondes… ». Plus simple, pour les locaux, il ressemble à un râteau.
RHYOLITES (de l’Estérel) : Voici une roche volcanique que l’on retrouve déjà dans d’autres systèmes volcaniques (Morvan, Massif Central, Vosges). Habituellement de couleur grise à noire, ici, ses variantes à dominante rouge lui confèrent déjà un caractère unique. D’autres originalités sont les les structures et les modes de mise en place : A partir de 272 MA, de grands volumes, sur de grandes distances sont diffusées comme une mousse, cela à partir de failles. La matière est propulsée par beaucoup de gazs, essentiellement de la vapeur d’eau. Ce sont de véritables pluies de feu : des « ignimbrites ». La deuxième grande séquence vers 255 MA, est par contre due à des écoulements, sans gazs. Très visqueux, lents, ils forment des dômes, parfois avec de courtes coulées. Cette lave est qualifiée de « fluidale ». Riche aussi en silice elle contient peu de « phénocristaux » de quartz et de feldspath (2 à 15%. La précédente en comporte 10 à 50%. Son grain est plus fin et sa couleur rouge amarante la différencie de la seconde, plus terne, plus claire.
TRACHYTE (de la Batterie des Lions) : Cette roche compose un nouvel édifice volcanique où plutôt ce qu’il en reste ! Toute cette pointe, les deux iles, sont constituées des morceaux, de restes d’un ancien dôme volcanique.
La roche que l’on observe ici est un TRACHYTE. Un quartzifère, riche en feldspaths mais plus pauvre en silice et en quartz qu’une rhyolite (*). Elle est donc dite « intermédiaire » Son origine mantellique est avérée par plusieurs travaux (**). C’est une lave issue d’un magma visqueux et dégazé. La viscosité de la lave et son déplacement lent, ont formé des lignes d’écoulement (appelées litages ou plans de fluidalité par les géologues), Cela peut donner aujourd’hui à la roche un aspect en fines plaquettes. La teinte rouge provient principalement de la présence d’oxydes de fer, en faible quantité, mais qui colorent intensément la roche. Ces oxydes ont pu être distribués par les gaz volcaniques lors de la phase éruptive, puis ultérieurement par des circulations hydrothermales ou des épisodes de fumerollisation, dont on observe encore bien les traces (traces d’hématite dans les fissures).
Cette nouvelle séquence a eu lieu dans la période finale d’activité volcanique de l’Estérel (donc sans doute au Trias, mais nous n’avons pas de datation précise pour cette roche).
La mise en place du dôme a probablement été précédée de phases explosives (non observables aujourd’hui). En effet, les dômes ou dômes-coulées terminent en général un cycle éruptif, après le dégazage du magma.
La forme dite en orgue est superbement visible. Sur le restes du dôme, on identifie parfaitement les prismes de refroidissement. Leur orientation, vers la mer, est perpendiculaire au front de refroidissement.
(*) À noter : sur les cartes géologiques du BRGM, cette roche est signalée sous le terme de « rhyolitoïde », un terme non officiel qui indique simplement qu’elle ressemble à une rhyolite sans en être une au sens strict.
(**) Magma provenant d’une fusion du manteau terrestre
ROQUEBRUNE sur ARGENS (le Rocher de) : Incontournable, cet ensemble rocheux qui domine aujourd’hui la plaine de l’Argens. Dans sa silhouette si caractéristique, la tradition y voit « une Femme couchée ». Laissons les Géologues nous expliquer qu’’il s’agit des restes d’un ancien cône alluvial, constitué en partie de dépôts de coulées torrentielles.
Il s’est mis en place sur les pentes de la bordure sud du bassin permien (futur Bas Argens). Orientée Est-Ouest, cette formation résulte d’écoulements fluviaux du Sud vers le Nord, parfois violents, charriant des matériaux issus des reliefs méridionaux constitués par les restes du massif hercynien (dont le Massif des Maures). Pendant ce temps, au centre du bassin permien, des cours d’eau Est-Ouest, plus calmes et divagants, transportaient quant à eux des matériaux plus fins.
Géologiquement, il s’agit d’une formation sédimentaire détritique, constituée d’une accumulation de sables grossiers et de galets cimentés que les géologues désignent sous le terme d’arkoses conglomératiques *. Ces matériaux proviennent surtout de roches métamorphiques et cristallines (gneiss, micaschistes, quartzites, granodiorites, quartz roulés, …) mais contiennent aussi quelques éléments volcaniques (rhyolites, basaltes, …) liés au volcanisme de l’Estérel.
La teinte rouge/brun caractéristique du Rocher est due à la présence d’oxydes de fer. Ce phénomène pourrait refléter un climat chaud et aride, propice à l’oxydation.
Sa formation est contemporaine de l’histoire finale du volcanisme de l’Estérel et se situe donc durant la première moitié du Trias. (Entre −252 et −201millions d'années).
(*) Un terme pour définir cet assemblage de débris de roches (volcaniques ou sédimentaires), issus de la destruction mécanique d’autres roches. Pour justifier cet appellation, on doit pouvoir « dans le liant naturel » distinguer des débris de plus de 2mn, sinon c’est un « grès ».
SANTA LUCIA (Quartier de) : à qui on a donné le nom d’une Sainte du IV° siècle. C’est la patronne des aveugles car elle apportait aux chrétiens poursuivis et cachés dans des catacombes de Syracuse (Sicile) nourritures et lumières. On retrouve ce patronyme dans bien des lieux qui « dominent ». C’est la hauteur où l’on peut édifier, une chapelle, une église, un phare, c’est-à-dire protéger, apporter de la lumière, symbolique ou réelle. « (lux » en latin). Dominant, bien orienté, très ensoleillé ce quartier a dû bénéficier de ce symbolisme.
SEMAPHORE (Histoire du) : De tous temps, la côte a été particulièrement propice aux pillages cela dès l’antiquité. La période noire qui débute au XVI° est liée à l’invasion de la Provence par les troupes de Charles Quint. Elles sont accompagnées par la flotte d’Andrea Doria qui va ravager le littoral jusqu’à Hyères. Pour se protéger, l’Evêché de Fréjus fait construire une « tour vigie » sur ce Cap. Après la bataille de Trafalgar (1805), à défaut de flotte, Napoléon fait construire un réseau de sémaphores. Celui du Dramont est utilisé de 1806 à 1814 puis durant les 100 jours. Il faut attendre 1966 pour sa remise en fonction. Après rénovation (1980), il est en veille 24h sur 24h depuis 2010. Interdit au public …sauf lors des journées du patrimoine.
TAFFONIS (Géologie) : De superbes exemples de l’érosion éolienne dans ces morceaux d’Estérellite. On retrouve ces sculptures en creux dans bien des roches du Massif (plage de Boulouris). Bords de mer, zones sèches, roches dures ou tendres, aidé par la chimie, rien ne résiste à l’action du vent qui projette mais aussi évacue. C’est une usure constante et régulière des faiblesses des matériaux. Il suffit d’une différence d’humidité, de défauts dans le support pour qu’il puisse creuser, agrandir, désagréger, nettoyer et multiplier des alvéoles de formes arrondies de quelques centimètres à plusieurs mètres.
TOPONYMIE : Effectivement rechercher l’origine des noms de lieux dans les langues, grecque, latine, celte, occitane, provençale est nécessaire. Mais l’autre démarche incontournable, doit se faire en identifiant ceux qui ont désigné, donné une appellation : Les Usagers ! Et pourquoi ? Sur les bords de mer, ce seront, les marins, les pêcheurs. Pendant des millénaires, la navigation se fait à la rame, à la voile, toujours à l’estime, le long des côtes, de cap en cap. Et même s’ils viennent du large, ces navigateurs ont besoin de repères. Couleurs, formes, dangers, usages, lieux de mouillages tout est bon pour singulariser un point, un jalon, un amer. Transmissions orales, premières cartes vont enregistrer l’essentiel de cette toponymie locale, que complèterons les Usagers, riverains de la Côte.
TORTUE (Plage de la): Evocation du passage, d’une, de plusieurs tortues ? venue(s) pondre sur sur celle-ci. On sait que les tortues gardent en mémoire les lieux de pontes (comme actuellement on constate dans les sables chaud le retour de l’espèce Caretta Caretta).
VAL FLEURY (Plage du) : Un nom de remplacement donné récemment à cette crique, car à l’origine c’était la plage de l’Homme mort ! De quoi dissuader les touristes et les envies de baignades ….
VOLCANISME du sentier du Littoral : Une diversité dans un concentré ! Depuis les modes d’émissions productrices de laves bien différentes : Rhyolites, Trachytes, Hawaiite et même sans équivalente : l’Estérellite. Dans les formes : Déchiquetées pour le Rastel, plus arrondies, puis falaises abruptes pour le Cap, en plaquettes ou en orgues, creusées par le vent ou décapées par la mer. Ailleurs, ce sont des débris fins ou grossiers, empilés en couches ou bien des arrondis de toutes tailles compactés et liés en conglomérats de roches. Une multitude de couleurs soulignées par celles d’une végétation adaptée dans un décor de ciels et de mers jamais figés.
D’AUTRES NOMS du sentier du Littoral : Des appellations comme Boulerie, Homme Mort, Embarcadère des carrières ont disparu des cartes modernes comme la TOP 25 IGN 3544ET. Ainsi, par exemple, était signalées dans celle de 1860, au Cap du Dramont, ou plutôt entre les Pointes d’Armont, le nom des deux profondes anfractuosités : la Régue de la Baume et la Mare Régue c’est-à-dire : « le creux de la grotte » et « la mer creuse ». (En Occitan reguergue se traduit par revêche !) Après la Plage des Fourras (changée en Fournas), la dernière et suivante plage n’est plus désignée. (Les locaux parlent de la crique de Santa Lucia) alors qu’elle s’appelait justement de la Bosse, cet énorme arrondi qui forme la Batterie des Lions.
Christian CHABERT 09/2025