MAISONS FORESTIERES                                                             de l'ESTEREL


 

 

 

                 Des Maisons Forestières, des pistes et des sentiers,

                    Un Capital unique et remarquable.  Mise à jour en Novembre 2022

 

                  Ingénieur des Eaux et Forêts, Auguste MUTERSE (1851 – 1892) (1), en charge de l’exploitation du Massif de l’Estérel va réaliser, mettre en place un patrimoine exceptionnel dans sa répartition raisonnée et ses qualités.

I

 

                Il a très vite compris les intérêts économiques pouvant être retirés de l’exploitation en particulier du chêne liège dans ce Massif qui lui ai confié. Il reprend une activité qui s’était développée dès le début du 19° siècle.

               Garde Général il dirige la construction d'un réseau de Maisons Forestières servant au logement des gardes et de leurs familles. Pour relier l’ensemble, faciliter l’exploitation de l’espace forestier c’est un maillage de pistes avec ses bornes indicatrices (siglées de l’Administration Forestière) qui est réalisé. La récolte, l'entretien se faisant logiquement du haut vers le bas, le réseau s’organise suivant deux ou trois étages de pistes qui suivent les courbes de niveaux, avec des accès le long des dorsales par des liaisons et un grand nombre de sentiers entretenus. (Une trame qui en fait aujourd’hui la richesse du site). Tous les produits étaient regroupés, transportés par des charrettes ou des prolonges à quatre roues pour les matériaux plus légers. Conscient des risques d’Incendies, il veille à faire ériger une tour de surveillance sur un des sommets du Mont Vinaigre (Actuellement il ne reste que la plateforme, la tour actuelle a été construite en 1955/1956). Pour communiquer, cette vigie bénéficie d’une invention récente, le télégraphe. Pour la petite histoire, en contrebas, s’organise un terrain pour jouer aux boules.

              C’était il y a donc plus de 150 ans lors du grand développement de l’exploitation forestière : Liège des chênes, bois des pins pour les mines complétées par les activités annexes : Récolte de la résine, extraction de l’huile des cades, souches de bruyères pour les pipes et la marqueterie, branchages pour les balais et le chauffage, fabrication du charbon de bois. Toutes ces activités nécessitaient une main d’œuvre importante, et même l’emploi d’hommes « sans travail ». La nuit, ils veillaient à ce que les sangliers ne viennent pas déterrer les semis de glands ou de graines de pins. Avec déjà des accords pour participer au développement du Tourisme avec le Touring Club de France, c’est toute une politique d’exploitation raisonnée, d’entretiens et de reboisements, de protections contre les incendies. Cela nécessitait un encadrement de qualité qui devait vivre en permanence dans chaque « quartier ».

             C’est pour cette raison qu’ont été construites au cœur du Massif, DIX Maisons Forestières principales nécessairement autonomes du fait de l’isolement. Au principal, un bâtiment de deux étages où vivaient deux familles, celle du Forestier et celle du Cantonnier. Sous le toit, des citernes pour récupérer l’eau de pluie (sources et puits étant souvent insuffisants). Chauffage par des cheminées et éclairage à la bougie ou avec les lampes à carbure. Au dos, se trouvaient les écuries avec au-dessus les réserves de fourrage. Dans un bâtiment volontairement séparé, le four à pain surmonté de sa réserve à grains. D’autres annexes pour le stockage et l’entretien du matériel, comme la forge pour les outils et le ferrage des équidés. Pour compléter une bassecour et une porcherie. Devant, sur la pente au soleil, sont aménagés des murs en pierres sèches, des restanques, pour la culture de légumes, de vignes et d’arbres fruitiers. DEUX bâtiments de complément ont été également construits (des Cantonniers et du Porfait).

             Si les Maisons prendront logiquement le nom de l’endroit où elles sont édifiées, pour TROIS, c’est l’USAGE et pour UNE l’Histoire.

 

PETIT RAPPEL HISTORIQUE                                                                                                               

Depuis le XIIIème siècle, les Rois ont compris la valeur et le rôle des forêts qui sont également un signe de prestige (Les Forêts Royales). Philippe IV en 1291 est le premier à établir une ordonnance et ses règlements.  Philippe VI encadre encore plus, par l’ordonnance de Brunoy (1346) les règles et définit des gestionnaires dans son article IV : « ... Les Maîtres des Forêts enquerront et visiteront toutes les forêts et bois qui y sont et feront les ventes qui y sont à faire, eu regard à ce que lesdites forêts et bois se puissent perpétuellement soutenir en bon état… »." Colbert, le Grand administrateur de Louis XIV, va en 1669 ordonner l’inventaire, la réorganisation et l’exploitation des forêts. Mais le texte de référence c’est après la révolution, la promulgation en 1827 d’un document (avec un tableau des amendes !) dont certains articles sont toujours actuels. Ce sera le Code Forestier définissant une Administration Forestière et la création d’un corps de Forestiers. Exploiter la forêt c’est aussi l’entretenir certes mais à l’époque, bien des forêts étaient en mauvais état, surexploitées, et même disparues. Un des buts est bien de reconstituer le patrimoine et si possible d’en tirer des revenus pour l’Etat. (NB c’est seulement sous le Président Pompidou que sera créé en 1966 un établissement public : l’Office National des Forêts).

                 C’est donc une politique nationale qui s’est mise en place au milieu du 19éme siècle pour reconstituer les forêts, les protéger de trop nombreux incendies. Pour cela il faut implanter en France tout un réseau de Maisons Forestières. Elles seront d’un même modèle qui doit être « pratique » et permettre aux Gardes Forestiers d’être au cœur des massifs. Ils doivent pouvoir disposer d’habitations où ils peuvent vivre en famille même les locaux sont isolés et les relier. C’est dans ce cadre que A. MUTERSE va obtenir les crédits nécessaires à la construction de pistes et de Maisons Forestières. S’ajoute qu’à cette époque, l’opinion publique désigne les Maures et l’Estérel comme « la région du feu ». Cette situation, un livre précurseur, celui de Ch. De RIBBE, sont à l’origine de la première loi (6/07/1870) pour lutter contre ces catastrophes. Elle énonce des solutions – toujours actuelles – « …. Légiférer pour interdire les feux, débroussailler les sous-bois, établir des coupe-feux et promouvoir des agents spécialisés, des sapeurs des forêts… »

               Un autre usage beaucoup moins connu de ces bâtiments et de ses occupants, est celui d’avoir été organisées en « Boites de Secours ». Une politique nationale poursuivie par le Touring Club de France crée en janvier 1890. Cette association dont le but est de promouvoir le tourisme à partir d’inventions récentes, le vélo puis l’automobile est à l’origine de nombreuses actions : Les plus reconnues se sont : La création d’une signalétique routière et la pose de 30.000 panneaux sur les chaussées, la réalisation de la route des Grandes Alpes, de « notre » Corniche d’Or, la mise en place de nombreuses tables d’orientation (comme celle du Pic du Cap Roux), la promotion du camping, des refuges, des colonies de vacances. Le développement de toutes ces activités de loisirs a pour conséquence la survenue de toutes sortes d’accidents. Dans des endroits souvent isolés, avec de nouvelles causes et avec des suites parfois mortelles.

               Le TCF va donc répondre en réalisant en France, un réseau doté de personnes et de matériel. Il faut faire un choix d’endroits pour positionner des secours. En conséquence, ils seront installés dans des Mairies, des bureaux de Postes, des auberges et autres sites occupés à l’année…  Ils seront signalés par un panneau avec une croix rouge sur fond BLEU (Celui de la Croix Rouge est sur fond BLANC). Ils doivent être équipés d’après une liste standard de matériel, du brancard à la pharmacie d’urgence d’où l’utilisation dans premier temps du terme « boite ». Les intervenants doivent être permanents, ils sont hiérarchisés et rénumérés en fonction de la distance avec le lieu de l’accident. Des instructions très précises sont diffusées avec les règles générales et la liste locale de Médecins, d’hôpitaux et même de ministres de différents cultes. (La Côte d’Azur comportent de forts contingents de touristes étrangers de confessions diverses).

               Pour l’Esterel quoi de plus évident que de choisir les Maisons Forestières : Le TCF est bien connu par ses actions locales, un de ses administrateurs, le célèbre Alfred Edouard MARTEL (1) en a dressé des cartes et des descriptifs précis, il est ami avec l’Ingénieur A. MUTERSE et le tourisme ne cesse de s’amplifier. 

                Il y aura 2 brigades (au Malpey et au Gratadis), 7 postes (La Duchesse, les Trois Termes, le Trayas, le Roussivau, les Malavalettes, La Louve, Le Dramont). Les 3 restantes ne sont pas retenues ( du Porfait, des Cantonniers , des Charretiers).

              

DE 1950 à nos jours

 

                Les MF de La Louve, MF des Trois Termes sont toujours habitées par des Agents ONF, les autres MF subissent des sorts bien différents.

              Celle du Dramont près du port du Poussaï–est plus ou moins occupée. 

              Perchée au bord d’une route, voici celle des Cantonniers – un ensemble plus petit car il servait aux équipes d’entretien de l’ex route royale qui traverse le Massif. (Un axe de circulation essentiel, ex voie romaine, chaussée pour les diligences, plus tard route d’Italie). Parfois aussi c’est logement de passages pour les inspections. Cette maison accueille désormais des familles de vacanciers de cette Administration. 

              Une construction plus simple, proche de la MF de Malpey est souvent indiquée comme la « Cantine » du Porfait. Normal, c’’était son usage principal permettant aux ouvriers de disposer d’un local en dur pour les repas et parfois au logement. Son annexe, disparue, était destinée à la préparation des pignons de pins, des glands de chêne liège et autres produits destinés aux semis. On peut encore suivre le petit canal qui l’alimentait en eau depuis une cascade, temporaire. Elle est utilisée par une association de Chasseurs.

              Au centre du Massif, bien desservie par les pistes, elle est utilisée pour regrouper, gérer les moyens de transports, les charrettes et les conducteurs. Située sur une baisse (en provençal), elle ne pouvait que porter le nom des utilisateurs :  des Charretiers. Devenue inutile, elle offre le triste spectacle de ses de ses restes en cours de ruine, Ses derniers occupants, étaient pendant la deuxième guerre mondiale, les chantiers de jeunesse.

            En ruine aussi celle dite des Malavalettes, elle va être abandonnée, après avoir servi de refuge aux habitants d’Agay et de Camp Long suite aux réquisitions et aux bombardements (Dont un meurtrier -11/09/1943- qui visait le viaduc « stratégique » d’Antheor).

              Certains documents font état d’une maison aux Jausiers (???). En limite, Il faudrait ajouter une construction plus récente, sur la commune du Muy au lieu-dit des Pradineaux. Elle est encore en bon état, nichée dans un bel emplacement boisé qui offre un bel espace pour les familles et les randonneurs. Elle est dans l’attente de son futur ce n’est pas comme :

 

La Maison Forestière du Trayas : « Une occasion ratée »

 

               Très bien placée sur la mythique route de la Corniche d’Or, réalisée en 1901 sous l’impulsion du Touring Club de France, cette Maison Forestière surplombe la belle et intime Calanque du Maupas. Un nom prédestiné ?  En effet, alors que ce quartier de Saint Raphael est en cours de classement, c’est un mauvais passage que doivent vivre ses habitants. Mise en vente par enchères à l’automne 2021 par son propriétaire l’Etat, elle a, depuis le printemps 2022 un nouveau propriétaire. Problème c’est un vaste chantier qui modifie totalement, transforme le bâtiment principal. L’ensemble de 1880 devient un cube de béton et rien ou pas grand-chose ne rappellera son premier usage. Une occasion totalement ratée pour ce qui aurait pu être un atout majeur dans l’opération visant à obtenir le label Grand Site de France. Un endroit idéal, très visuel, concentré de nature qui aurait parfaitement pu être utilisé pour la promotion du Massif, être une plate-forme pour présenter accueillir et promouvoir respectueusement notre région. Musée, expositions temporaires (par exemple sur la Mer, ses richesses, ses épaves historiques). Le terrain de près de 6000m offrait la place d’un arrêt grâce à un vaste parking – rare sur cette route - et la création de mini parcours « Nature » : (géologie, plantes endémiques et autres).

 

La Maison Forestière du Malpey et ses annexes : « Une porte de L’Esterel »

 

               Celle de Malpeyjustement bien blottie contre la colline qui la protège, doit son nom sans doute au col proche peu agréable lorsque souffle le mistral. Un Bâtiment qui a aussi ses petites histoires. Ainsi, c’est l’agent des Eaux et Forêts en poste qui, lors du débarquement de Provence, en Aout 1944, a permis la capture par les Anglais des soldats Allemands qui gardaient le Mont Vinaigre.

Abandonnée dans les années 1970, elle a été victime d’actes de vandalismes répétées. Actuellement l’ensemble du gros œuvre est encore sain et le potentiel certain. Le nombre d’avantages, le site et sa fréquentation font que le choix d’une réhabilitation en 2017 pour en faire « une porte d’accueil de l’opération Grand Site de France » était évident. Le projet, trop onéreux est mis en sommeil en Janvier 2022 par Monsieur Frederic MASQUELIER, Président du SMGSE (anciennement SIPME). De plus, les bâtiments se situent en zone rouge Incendie et donc ils ne peuvent, en l’état, fonctionner sous la forme d’un Etablissement Recevant du Public (ERP).

 

DOMMAGE : Préservation d’un patrimoine, devoir de mémoire qui aurait permis de mieux faire connaître et partager la vie de tous ces hommes et familles qui ont vécus, travaillés dans le Massif.

Un moyen de faire revivre cette Maison Forestière et de réaliser un accueil de qualité aux visiteurs, aux Usagers, aux scolaires et autres. Un accès facile depuis une grande route, la proximité de l’autoroute avec sa sortie des Adrets, un emplacement et des vues magiques. Une vitrine, une porte d’accueil essentielle ouverte au Tourisme car dans l’Esterel la saison c’est 12 mois par an.

 

PERSPECTIVE 2022

 

               Notre proposition (Collectif Esterel Pour Tous) est de réaliser une opération de sauvetage pour palier à son aspect désastreux.  Comment continuer à accepter le spectacle d’abandon offert par un ensemble historique, d’intérieurs pillés, vandalisés, dangereux. Non seulement nous sommes dans un des sites le plus visité du Massif par les « les locaux, les régionaux, les touristes nationaux ou internationaux » mais aussi ses qualités en font un point de départs ou de passages hyper fréquenté pour la pratique d’activités de pleine nature. 

               La proposition est à minima : Faire nettoyer les intérieurs par des bénévoles et simultanément trouver des financements pour remettre en place des fermetures solides. Une solution d’attente pour stopper la ruine des bâtiments et préserver son avenir.

              Parallèlement, mieux aménager le petit bâtiment (déjà partiellement restauré par les bénévoles du Collectif) et mettre en évidence le four à pain.

             Un travail de sauvegarde qui permettra en plus d’offrir une possibilité d’accueil et de présentation, par exemple sur les murs de façades,  de « petites expositions » - sur des sujets divers. A compléter par la recherche et la mise en place d’opérations faciles, peu onéreuses tout en évitant de tomber dans les contraintes, les interdictions d’un ERP !

 

La Maison Forestière de Gratadis et ses annexes : 

 

               En l’état ce serait les bâtiments situés au Gratadis qui sont en réflexions pour servir de porte principale d’accueil du Massif. En effet, d’un accès routier facile et proche, avec déjà en contre-bas un grand et beau terrain aménagé et prisé des Raphaëlois. C’’est l’espace naturel qui enregistre le plus grand nombre de visites, passages à l’année de l’Esterel. Il dessert l’oratoire de la Ste Baume, les ensembles du Cap Roux, du Pic de l’Ours, du Plateau d’Anthéor. Très proche, le parking du Col de Belle Barbe, est le point de départ de nombreuses randonnées pédestres ou VTT. D’abord par le Mal Infernet vers le site du lac de l’Ecureuil - toujours dans l’attente d’une remise en état très demandée-, une promenade déjà très prisée par Guy de Maupassant. Il y a les accès vers les deux massifs du Perthus, le Massif des Suvières, La Maison Forestière du Roussivau et bien plus.

 

La Maison Forestière du Roussivau :  

 

                Symbolique, dans un bel environnement naturel, proche des fouilles d’une villa romaine, elle a été utilisée par des Associations. Elle est adossée aux coulées de rhyolithe amarante des barres du Roussivau, plus loin du Perthus, des sites d’escalades fréquentées depuis plus de 50 ans. Parking raisonnable et départ de balades. Actuellement c’est une réussite de reconversion, car elle est désormais utilisée par une bergère ou un berger.  Depuis ce lieu d’hivernage, la transhumance s’organise avec un troupeau de près de 200 moutons Mérinos avant de retourner l’été dans le Mercantour.

 

La Maison Forestière de la Duchesse et ses annexes : « Une mémoire de L’Esterel »

 

                 Occupée par un garde de l’administration des Eaux et Forêts jusqu’en 1980, puis à titre personnel par François BALLESTRA et son épouse jusqu’en 1988, elle était restée encore en bon état, son éloignement l’ayant protégée des vandales qui ont sévit à la MF de la Malpey. Malheureusement faute d’entretiens, la toiture commençait à souffrir et son environnement était redevenu broussailles et détritus. 

                 Depuis plusieurs années, en accord avec l’ONF, un bénévole, s’est investi dans sa réhabilitation et les résultats sont non seulement heureux et mais aussi efficaces. René « l’Alsacien » a réparé à l’identique les toits, nettoyé le terrain, disposé des tables puis il a réhabilité l'annexe, la transformant en un petit musée. Grâce à de discrets panneaux solaires, un éclairage met en valeur le four à pain.

                Cette Maison forestière avait effectivement l’avantage de bénéficier d’un bon approvisionnement en eau, même pendant les périodes de sécheresse. Le puit avec sa pompe à main d’époque, dessert un magnifique lavoir intact. Notre bricoleur, grâce à un montage astucieux, alimente les premiers WC utilisables dans le. De même, il reprend les canaux qui avaient été aménagés pour arroser des terrasses de petites cultures. Vu son emplacement dans le Massif, elle servait aussi de poste de secours principal. C’est donc deux familles qui vivaient ici en compagnie d’un mulet, quatre chèvres et deux cochons……

Dans les projets et souhaits, extrêmement bien placée, au cœur du Massif, accessible uniquement par des moyens naturels, sa visite se mérite. Dans le cadre de la mise en valeur de l’Esterel, elle pourrait très bien convenir à un gite (hors périodes Incendie). A défaut c’est déjà un très bel endroit pour une pause et ou un pique-nique. Une belle manière, méthode pour conserver et faire revivre un superbe héritage. (Déjà 4 livres d’Or remplis en 2022). 

               Le nom de cette Maison Forestière est lié à la pose de la première pierre à la demande de Napoléon III, par la Duchesse de Vallombrosa, figure de la vie de la haute société cannoise dans les années 1860 (2).

              Certains historiens pensent que l’Empereur Napoléon III serait venu sur son cheval pour l’inauguration. ????  (*)

              Bien que bien placée, dans un col, central au croisement de pistes, sa construction avait été jugée non nécessaire par l’Administration (emplacement éloigné et absence de budget) et le projet abandonné. Comment a été résolu le problème ? Pour la petite histoire c’est une bonne question ? Il fallait profiter d’une tournée d’inspection des travaux par le Supérieur Hiérarchique qui était aussi à l’origine de l’abandon de la réalisation. L’ingénieur A. Muterse profite de son origine Antiboise (et d’autres avantages comme ses relations comme gendre du Maire de Juan les Pins) pour faire préparer avec son Amie, la Duchesse, une grande réception dans ce bel endroit plein de qualités, plat et ombragé par des pins (le Plan Pinet). L’accueil a été réussi et le Supérieur convaincu puisqu’il acceptera de revenir sur sa décision.  Une chance pour Nous ! L’histoire ne dit pas si la Duchesse a participé aux financements.  

 

 

              Pour conclure, à ce jour, l’administration de L’ONF étant en manque de financements, ses ressources liées à l’exploitation des forêts étant insuffisantes, son budget est en baisse et les effectifs en cours de réduction drastique. Pour le Massif, c’est une recherche de fonds par des ventes, des subventions et des facturations : D’accès, de droits à l’image, d’autorisations pour des manifestations sportives. Mais malgré la recherche d’autres débouchés, comme une ouverture vers l’accueil du public, le destin des Maisons Forestières est désormais plus que dépendant des volontés politiques. Le choix récent de créer en zone centrale une RBI (Réserve Biologique Intégrale), un espace où on n’exploite plus, on laisse pousser sans entretenir pose notamment des questions : Quid de l’aggravation du risque Incendie, de l’abandon des parties mal cicatrisées, de la progression de maladies et d’insectes nuisibles. Qui va se charger de la lutte contre la forte progression des espèces invasives néfastes, introduites accidentellement (Mimosas, Agaves) ou volontairement (par l’ONF – Eucalyptus, cèdres).  Pour un ensemble forestier qui passe d’une exploitation raisonnée puis son abandon pour être remplacé par un lieu de loisirs. Avec en 2022 certainement plus de 3 millions de visites par an, quelles seront les conséquences et les possibilités offertes par l’opération visant à obtenir le label GRAND SITE DE FRANCE. Quel équilibre entre un gestionnaire en pertes de moyens et un syndicat qui doit mettre en place son schéma d’accueil du public et le gérer.

             Mais au final, ce sont bien les Usagers réguliers ou ponctuels, les bénévoles amoureux du Massif de l’Estérel qui sont les premiers concernés, à Eux de s’engager pour maintenir ce patrimoine et ses richesses.

 Christian CHABERT

 

(1) Auguste MUTERSE est qualifié de « Forestier de Génie » par Alfred Edouard MARTEL (1859-1938) dans son livre (1899) et de la plaquette accompagnant la carte qu’il a réalisée du Massif (1/100.000): « Le Trayas (Var), l’Esterel, Agay, le Cap Roux, etc. guide du promeneur dans les massifs côtiers de l’Esterel, entre Cannes et Saint-Raphaël (1874)», Ce passionné de l’Esterel, qui prendra sa retraite à la pointe Maubois au Trayas est plus que mondialement connu pour être le père de la Spéléologie (Du Gouffre de Padirac (1889) à la Mammoth Cave/USA (1912) en passant par la descente des Gorges du Verdon (1905).  

 

(2) Appelée aussi la » Sainte Duchesse » en raison de sa grande générosité. Née en 1836, Geneviève de Pérusse des Cars, est issue d’une famille noble. Elle a épousée Richard, duc de Vallombrosa, à Paris en 1857. Elle décède en 1887 et son mari quittera définitivement Cannes.     Son Mari, le Duc de Vallombrosa avait acheté en 1858 et occupe en 1861, le château du Riou (classé monument historique en 1990). Le Prince de Galles, la Reine Victoria, ou encore Charles Gounod comme bien d’autres figures célèbres de l’époque, étaient des hôtes habitués de ce château et de son parc réaménagé qui comportait même un mini zoo. Figure dynamique il sera un des plus efficaces promoteurs de la ville de Cannes

 

 

EXTRAIT : C’est Stephen Liégeard (3) qui vante le mieux sa grâce et sa bonté, « la bonne Duchesse », comme il se plaisait à l’appeler, dont les deux mains toujours ouvertes ont symbolisé à miracle la charité et l’hospitalité.

Aux dires de sa petite fille Roseline Manca de Vallombrosa, sa charité lui vaut dans les petits quartiers de Cannes le surnom de « Sainte Duchesse ». Elle préside aux destinées de l’Orphelinat du Sacré Cœur et à la congrégation religieuse des Sœurs Auxiliatrices des Ames du Purgatoire. …. Avec ses cheveux blonds, ses yeux d’un bleu profond, son teint clair, son visage à l’ovale parfait, sa taille fine, Geneviève est une fleur parmi les fleurs. Tous ceux qui l’approchent sont sous le charme de sa beauté et de son esprit romanesque !.......

                                                         

(4) Stephen Liégeard (1830 – 1925) Avocat, Sous-Préfet, Député, Mécène, Ecrivain, il est le parfait représentant de cette riche société qui se rend l’hiver à Cannes. En 1887 il écrit son livre le plus célèbre, aujourd’hui on parlerait d’un guide touristique. Originaire de la Côte d’Or (Dijon) sa logique lui fait concevoir un titre :« La Côte d’Azur » pour son ouvrage et c’est le nom qui va rester :

 

   

 

Extrait de son livre : «   La Côte d'Azur ! Ainsi, du château d'If jusqu'aux palais de Gênes, s'intitule désormais le pays de la mer bleue, du soleil et des fleurs… (Fini l’anglicisme de Riviera française ou du terme Corniche.)

 

                                         

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