de 1914 à 2022                                              Naissance de la COTE D'AZUR


De la PREMIERE GUERRE MONDIALE                                                              à  NOS JOURS 

 Occupation Humaine du MASSIF de l’ESTEREL   (Chapitre QUATRE)  mise a jour 15 05 2023


  De 1914 à 1939

                A l’occasion la première guerre mondiale, ce sont d’autres « usagers » de l’Esterel qui arrivent. Les besoins en hommes sont tels que sont recrutés des contingents indigènes de tout l’empire Colonial Français. Ils viennent du Sénégal, d’Algérie, Tunisie mais aussi des Comores, de Madagascar et d’Indochine. Pour l’acclimatation, l’hivernage et l’entrainement. Ils seront jusqu’à 35.000 logés dans des baraques en bois, des tentes dressées dans différents camps autour des deux villes. Fréjus conservera sa vocation de ville de garnison pour des troupes coloniales et au passage une pagode (1917) et une copie de mosquée dite « rouge » (1930). Dans les exercices, lorsqu’ils lancent des grenades, ils « bombardent » ce qui laissera à un ex-terrain de manœuvre, proche de la Tour de Mare le nom du « bombardier »

 

              De 1915 à 1918, Dans le massif des Dolomites, Italiens et Autrichiens se sont affrontés en haute montagne, en limites des crêtes, sur les glaciers, dans une guerre de position, cela dans des conditions effroyables. L’Etat Major Français s’est aperçu alors de sa totale impréparation pour ce type de guerre et surtout de l’absence de cartes pour les Pyrénées et les Alpes. Pour combler ce vide, l’armée va donc aider au maximum une génération d’Alpinistes non professionnels que l’on va vite désigner sous le nom de « Topographes Alpinistes ». 

               C’est ainsi qu’au matin du 30/10/1923 un autre personnage d’exception redescend du Cap Roux. C’est le Polytechnicien, Alpiniste Alphonse Helbronner (1871-1938) à la recherche de sommets élevés en bord de mer pour pouvoir procéder à ses travaux de triangulation entre les Alpes et la Corse. Il appartient lui aussi au Club Alpin Français. Pratiquants d’une nouvelle discipline, l’alpinisme, ces membres avaient eux aussi constatés que les cartes pour la montagne étaient inexistantes. En conséquence, ce dernier avait proposé dès 1902, au Président Henri Vallot son projet qui était de réaliser « …  Un ensemble de travaux tendant à l’établissement d’une carte à grande échelle de la description géométrique détaillée des Alpes françaises… ». De 1904 à 1928, il ascensionne de nombreux sommets, procède aux mesures, dresse les cartes des montagnes. Pour différentes raisons (accès et logement), il ne retiendra pas le Cap Roux – même si on y voit très nettement la Corse qui n’est qu’à 190 km. Il a déterminé pour ses visées 4 stations sur le continent. Pour le Var Il a retenu le fort du Coudon (702 m) et la cime de la Sauvette (776 m). Pour les Alpes Maritimes son choix se porte sur le fort du Mont Chauve d’Aspremont (870 m) et le fort du Mont Agel (1151 m). Pour la Corse, grâce à l’aide de l’armée qui a préparé plateformes, mires géodésiques et campements, il va pratiquer au mois d’aout 1925 de nombreuses visées.  Pour cela il va devoir rester 9 jours au Monte Stello (1307m), 13 jours au Monte Cinto (2706m) où il subit une forte tempête et 14 jours au Monte Rotondo (2622m).       

            Une autre Côte d’Azur émerge durant les années 1920 et 1930 venant plus que compléter voire se surimposer à celle imaginée par Stephen Liégeard, lorsqu’elle ne la bouleverse pas. Le tourisme ne cesse de croitre mais ce ne sont plus les mêmes acteurs. Déjà de plus en plus de Français avec la création de quartiers bourgeois. Parallèlement s’installent une population plus modeste avec de très nombreux immigrés italiens attirés par les possibilités d’emplois.  Même pour les Aristocrates, la mode hivernale est désormais remplacée par la découverte des plages, du bronzage et des activités balnéaires. Le séjour à la villa Marie (quartier de Valescure) de Scott Fitzgerald, qui y achèvera son livre, Gatsby le Magnifique, illustre parfaitement cette évolution.                  

                 Si les séjours sont moins mondains, plus courts, on profite de l’été, une situation que vient amplifier la mise en place en 1936 des congés payés. Employés, ouvriers, découvrent « les bains de mer ».

           Entamée dans les dernières années du 19éme siècle, une autre activité un tourisme « diffèrent » dont on parle peu s'est beaucoup amplifiée de 1900 à1920. Elle entraine la construction de grands centres de soins, la venue de spécialistes et même la tenue de congrès médicaux (Monaco 1920).  Cet afflux est motivé par les qualités du climat de la Côte d'Azur et de la demande de traitements de toute une population victime de la Tuberculose. Pour soigner, on cherche le bon air (l'héliothérapie) et le bord de mer (l’hydrothérapie) qui paraissent parfaits pour des traitements locaux ou généraux y compris après une opération chirurgicale. Ainsi en 1882 ce qui deviendra ensuite l’hôtel des Anglais, à Valescure, est d’abord un pensionnat de jeunes filles « de toutes nations ayant besoin d’un air pur, tonique et vivifiant » ! Dans ce monde, on ne parle de la maladie, de sanatorium, seuls les poètes et des écrivains évoqueront ces jeunes filles pâles marchant sur les rivages. De cette période qualifiée de « Belle Epoque » il nous a été légué de très beaux bâtiments, villas, centres de résidence où grands hôtels (de Valescure, Continental) et même (peut être copiée ?) une boisson tonique, un vin à base de coca (1888). Mondialement répandue dans la Haute Société, nous la devons à son inventeur, un pharmacien venu de Corse, Angelo Mariani, qui fera bâtir la villa Andréa.

                 Pour soigner, étaient venus pratiquer et se feront également construire de belles demeures, des Docteurs Spécialistes comme : Léon Labbé (1832-1916), Léon Petit (1854-1910).

                  Supports d'une publicité gratuite qui va diffuser mondialement l'image de l'Estérel, c'est l'invention et le  succès de nouvelles technologies, la photographie, le cinéma et plus tard la télévision. Amateurs ou professionnels, tous ne pouvaient que s’intéresser, utiliser la beauté des décors, la qualité des lumières des lieux, les sites et les personnes. Très tôt utilisée, la carte postale s’accompagne de l’engouement pour la photographie. Se tourneront après la guerre, bien des films : Comiques avec Laurel et Hardy (1950, ou Bourvil (1965) ou un Mister Bean (2020). Romantique (1967), à la fontaine de la Sainte Baume avec Elisabeth Taylor et Richard Burton, les monstres sacrés de « Cléopâtre ». Quant au « clan des Siciliens » (1969) pléiade de grands acteurs dont Gabin, Delon, Ventura, c’est la villa d’un autre artiste, Fernand Reynaud, qui sert de décor.

 

De 1939 à 2022 

                La deuxième guerre vient interrompre cette évolution et les premiers maillots de bains sont remplacés par bien des uniformes et l’on en aura, on en verra de toutes couleurs. Du Bleu au Kaki avec un épisode Sable puis Vert de Gris…. 

                Après cette période difficile, l’amplification de la durée des vacances payées, les possibilités financières, la démocratisation des moyens de communication (automobiles et trains) des modes de vie accélèrent la transformation de la côte au détriment de l’arrière-pays. Les villes, villages devenus stations balnéaires s’agrandissent de quartiers résidentiels, de campings, de clubs ou de villages de vacances. Désormais se côtoient touristes et actifs, nouveaux immigrés (Espagne Portugal) mais aussi Rapatriés. L’allongement de la durée de vie et l’augmentation des moyens voient apparaitre une nouvelle catégorie de consommateurs qui aménagent à l’année : les Retraités. 

                 Ces derniers veulent profiter du climat et ils sont nombreux à découvrir l’Esterel, au travers d’associations ou individuellement pour y pratiquer la marche, la randonnée, le vélo. Les générations suivantes développeront l’escalade et surtout le VTT. Ils bénéficient d’un incroyable maillage de pistes, de sentiers d’un Massif relativement préservé de l’urbanisation. Les raisons du maintien d’un grand ensemble naturel est dû principalement à son relief, de l’existence de grandes étendues appartenant aux communes, à des propriétaires privées ou principalement à l’Etat. Le cœur du Massif est d’ailleurs heureusement classé par décret en 1992 et un parc départemental coté 06 est établi en 1996. Plus tard c’est un rattachement au réseau Natura 2000. Suite au classement, hélas une tentative de création d’un Parc Naturel (1960) échoue pour différentes raisons. 

              C’est une civilisation tournée vers les loisirs qui vient découvrir, profiter d’un réseau géré par l’ONF d’une forêt en cours d’abandon. L’exploitation de cette dernière par cette administration est devenue économiquement non rentable qu’il s’agisse du liège, des poteaux en pins et autres activités. Mais à l’exemple d’une décision technocratique, les plantations d’eucalyptus afin d’installer une usine à papier, était totalement aberrante. Invasifs, destructeurs du sol et de la végétation endémique, comme pour l’invasif mimosa, ce sont des forêts qui peuvent geler mais surtout brûlent « bien ! ».              

 

            Actuellement, malgré les textes légaux dont la loi littoral (01/1986 que vient malheureusement d’assouplir ??? la loi Elan), le Massif est de plus en plus cerné de constructions, de lotissements, d’immeubles. Nombre de villas, hôtels parfois historiques sont victimes de cette demande exponentielle que favorise une surenchère immobilière.  

            Pour les besoins modernes pas forcément esthétiques, les sommets de l’Esterel se sont ornés d’antennes de Télécommunications : Pic de l’Ours, Mont Vinaigre, Cap Dramont, de pylônes pour les transports d’électricité. Il est coupé par des routes nationales, départementales et par la première autoroute à péage crée en France qui s’appelle bien sûr : Esterel- Côte d’Azur. 

Quels seront les conséquences de l’extension du réseau ferré par la construction de la Ligne Nouvelle Provence Cote d’Azur (LNPCA). Pour résoudre l’obstacle de la « montagne Estérel » un grand tunnel est envisagé !

            On ne peut que souhaiter l’aboutissement des travaux et la mise en place d’un Schéma d’Accueil du Public raisonné pour l’obtention du label Grand Site de France pour maintenir le périmètre des protections actuelles.

 

            Lieu de passages, d’activités humaines millénaires, sa transformation en un espace d’Activités de Pleine Nature doit se réaliser en équilibre avec les différents Usagers sans que cette mise en valeur provoque les dérives de surfréquentation, commercialisation, tourisme de masse dont sont victimes bien des sites du bassin méditerranéen. L’enjeu est bien de conserver un tourisme écoresponsable et respectueux comme pratiqué actuellement et cela à l’année pour l’essentiel par les populations riveraines. Développer un tourisme raisonnable et intelligent sans priver les Usagers actuels. 

               Mais, à l’image d’autres décisions, la politique actuelle, sous l’alibi écologique (certes honorable !), d’une Administration en manque de financements est de laisser la végétation, flore et faune se développer dans des Réserves Biologique Intégrale (RBI). En contradiction avec une volonté d’améliorer l’accueil, voici la création de zones non seulement plus ou moins interdites aux Usagers mais où il n’y a plus d’entretien, plus d’exploitation ! Comme l’histoire, l’expérience des anciens l’a prouvée, cet abandon met en place toutes les conditions pour de gigantesques catastrophes : Les Incendies ! 

             Estérel, même si c’est un nom tellement porteur qu’il est utilisé à toutes les sauces du monde politique au marketing commercial, restons optimiste pour le futur d’un univers qui est loin d’être stérile (origine ligure du nom ou simple déformation linguistique « es stérile » . Pour Nous, c’est surtout un très bel héritage de lieux, flore, faune, espace marin dont les couleurs uniques sont toujours aussi belles qu’il y a 250 millions d’années.  Faisons confiance à la légende de la fée protectrice : Estérelle !

  

Christian CHABERT

          .  

*** RETOUR a CONNAITRE l ESTEREL

 

*** RETOUR A l'ACCUEIL